Animation – Evolution

Proposition

Pour comprendre la proposition suivante se référer à la problématique exposée dans le texte de présentation suivant :

Evolution en catéchèse

Outil pédagogique

Au niveau des outils, je me suis servi de l’objet, de ce qui est « jeter devant » (ob-jacere) tel que l’aborde l’expression ludocréative.

Le Jeu

L’animation suivante a été proposée fin janvier 2010 dans le cadre d’une formation de l’Office Protestant de Formation pour des catéchètes des Eglises Romandes.

Temps : 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 20 jeunes                Nombre d’animateurs : 2/3 dont 1 théologien

Préparation

  1. Disposer dans la pièce une série d’objets dans un carton à chaussure (un ou deux objets, pas plus), recouvert d’un tissu, en prévoir une bonne vingtaine pour un groupe de 15 personnes
  2. Préparer en plus un objet qui soit en nombre suffisant pour que tous puissent avoir le même.

Déroulement

Les participants vont réaliser un parcours par deux (si possible un garçon une fille) en passant par différentes étapes au cours desquelles ils feront différentes rencontres.

  1. Avant de partir, les participants « se définissent » en choisissant un objet dans une caisse à disposition. Il s’agit d’utiliser l’objet comme support de définition.
  2. Puis ils partent en choisissant une table sur laquelle se trouve, une boite, dans laquelle se trouve un autre objet… En découvrant cet autre objet ils doivent l’intégrer à ce qu’« ils sont »… Que vont-ils faire de cette rencontre imprévue ? Comment vont-ils l’accepter, s’ils l’acceptent ?
  3. Parmi ces différentes étapes, représentées par ces tables, il y en a une qui est particulière puisque tous les groupes reçoivent, de la part des animateurs, un même objet (pour ma pratique, ce fut une pile) avec comme mission là aussi d’en faire quelque chose.
  4. A la fin du temps de jeu, les groupes de deux « mettent en scène » ce que fut leur vie avec les rencontres qu’ils ont faites afin de voir ce qu’ils en ont fait… C’est la relecture de leur vie. Il faut qu’elle ait un sens, il faut que cette relecture ait une certaine logique…
  5. Une représentation de ces « mises en scène » est proposée à l’ensemble du groupe.
  6. Un débat termine ce temps de jeu avec comme principales questions
    • La capacité à s’être adapté ou non que les différentes rencontres (les tables avec les objets) ont pu susciter ;
    • Situer la dynamique de la création dans ce que l’on fait ou pas de ce qui nous arrive…
    • Etc.

Echos à la théorie

  1. Le jeu symbolise le parcours de vie réalisé par une entité bien particulière (c’est le binôme) qui se définit au moyen de l’objet.
  2. L’entité constituée « subit » les aléas de l’existence et des rencontres, représentés par deux phénomènes différents :
    • Des rencontres propres à chaque entité (il s’agit des étapes avec les objets sur les tables) qui les invite à s’adapter à la nouveauté qui les saisit…
    • Des rencontres qui saisissent la totalité des entités, vivant le parcours, et qui représentent ce qui dans l’histoire a été déterminant pour les êtres vivants en général

Connivence avec l’adolescence

  1. La transformation : leur corps se transforme sans qu’ils puissent prévoir où cela va les conduire…
  2. L’adaptation aux nouvelles modes, l’influence des autres, les changements au gré des rencontres qui font qu’il y a passage d’un espace à un autre en un tour de main. Ce sont des espaces de vie.
  3. La course proposée dans le jeu interpelle la cohérence, leur cohérence qu’ils devront en fin de parcours faire, puisqu’ils vont s’expliciter en relisant devant le groupe leur parcours.

Animation – Les fous du roi

Proposition

Pour comprendre l’animation suivante se référer à la présentation suivante :

Les fous du roi

Temps : 2 à 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 10 – 12 jeunes                Nombre d’animateurs : 3 dont 1 théologien

Voici trois entrées possibles

1. Première entrée : sur le personnage de Willie Stark

  • Evaluer le fait que Willie Stark prenne la cause du peuple ?
  • Décomposer l’instrumentalisation de sa candidature au début
  • Voir comment fonctionne le premier discours qui « marche » du candidat Stark
  • Essayer de repérer dans les discours les phrases typiques qu’on peut taxer de manipulation ?
  • La foule peut aussi être intéressante à décrypter dans ce que le cinéaste essaye de montrer lors des discours ? On peut s’amuser à faire une description des visages qui sont représentés. Les fans de technique pourront prendre la chose du côté des différents plans, traveling et autres techniques de prise de vues, etc.

2. Seconde entrée : La trame du journaliste

(à mon avis plus intéressante parce qu’elle nous ramène plus facilement à nous)

  • Qu’est-ce qui fait que Jack Burden travaille pour Willie Stark ?
  • Comment interpréter le fait qu’il fasse toutes ces recherches et en particulier celle à propos du juge Irwin ?
  • Décomposer les arguments employés par Jack Burden pour décider Adam de prendre la direction de l’hôpital.

3. Troisième entrée: par les autres personnages

  • Comment évaluez-vous le rôle de la secrétaire de Willie Stark et du sénateur adjoint ? Quels rôles leur donnez-vous dans cette histoire ?
  • Expliquez l’acte final d’Adam au parlement de Louisiane.
  • Pourquoi Adam ne choisit-il pas de se suicider plutôt que vouloir tuer Le gouverneur ?

4. Thématiques plus fondamentales à propos des questions à se poser à propos du film

  • Se faire soi-même – salut par les oeuvres ;
  • La fin justifie t-elle les moyens : jusqu’où suis-je prêt à aller pour parvenir à mon objectif ?
  • Quel est le sens d’un engagement (jack Burden) : un idéal ou une revanche de sa condition de naissance ?
  • Comparer les destin de Willie Stark et Barak Obama peut s’avérer intéressant
  • Jusqu’où faut-il aller pour arrêter un homme politique corrompu (cf Bonhoeffer)

Suggestions

Pour être plus pointu, on pourra utiliser à profit quelques uns des axiomes de la communication de Paul Watzlawick

Textes bibliques à mettre en lien

Evangile de Jean 11,45-57 : pour le côté plus politique du film

Romains 3 :  pour l’universalisme du péché que nous révèle le film

Genèse 2 : pour le pauvre Adam, tenté, mais toujours perdu dans ce monde de brut…

Animation – Pierre Soulage

Proposition

Temps : 2 à 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 10 – 12 jeunes                Nombre d’animateurs : 3 dont 1 théologien

  1. Matériel
  • Grande feuille de papier
  • Gouache noire en grande quantité ou du brou de noix
  • Un grand nombre d’ustensiles pour dessiner, l’idée est de leur suggérer différents moyens d’appliquer la couleur sur la feuille
  • Prévoir en tout cas un racloir ou des spatules dans les ustensiles de peinture. Soulage emploie deux modes principaux d’application ; soit il dépose la peinture (il parle de pâte), soit il l’applique avec une lame et racle.
  • Prévoir une lampe-spot facilement transportable
  • Des grands cartons sur lesquels on pourra fixer les oeuvres afin de les avoir en « station debout »
  • Tous les éléments de protection ad-hoc, évidemment

2. Consignes et déroulement de la réalisation de la toile

  • Mettre les jeunes par tout petit groupe ; trois dans l’idéal
  • Chaque groupe choisit plusieurs ustensiles
  • Leur donner une demi heure pour proposer une oeuvre avec la consigne suivante : « deux d’entre vous sont chargés de produire avec une couleur et les ustensiles à disposition une toile. A chaque fois qu’une idée vous traverse la tête pendant que vous faites la toile, vous l’exprimez à la personne du groupe qui ne peint pas et qui l’inscrira sur une autre feuille. »
  • A l’issu de la toile le groupe des trois essaye de voir ce que donnent ensemble les différentes impressions pour les communiquer. Ils peuvent :

– Choisir le sens chronologique d’apparition des mots

– Choisir un système d’association

– Construire une histoire avec

3. Expression à partir de l’oeuvre

Il s’agit dans cette partie d’imaginer que les jeunes puissent voir chacune des oeuvres de deux façons en changeant de place (prévoir trois changements de position). Pour ne pas trop compliquer les choses, il importe de ne pas changer la lumière de place.

L’idée est ensuite de partager dans le sens suivant :

  • Ceux qui observent disent personnellement ce qu’ils ressentent en face de la toile et en fonction des différentes positions qu’ils ont eues en face de la toile
  • Ceux qui ont réalisé la toile parlent ensuite pour délivrer ce qu’ils ont exprimé en faisant
  • Une confrontation peut ensuite se faire qui soulignera les rapprochements et les éloignements dans les expressions

Réflexions pour la touche spirituelle de l’animation

Avec l’ensemble des éléments qui sont produits par le groupe, il peut être possible d’imaginer, de creuser les points suivants :

Autre couleur et noir : Pour montrer toute la force du noir et surtout le fait que la lumière s’y réfléchit de façon toute particulière, l’idée serait d’introduire cette partie plus théorique par une  une toile faite avec exclusivement du jaune ou une autre couleur claire. Et ce afin de bien percevoir l’action du jeu entre le noir et la lumière.

Le noir, avant d’évoquer ce qui est noir justement, renvoie à la matière, la terre, la glaise, la tourbe et a des réminiscences d’origine. « Le noir est antérieur à la lumière. Avec la lumière sont nées les couleurs, le noir lui est antérieur (…) ces notions d’origine sont profondément enfouies en nous (…) une couleur violente, mais qui incite à l’intériorisation. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.29).

La lumière :  le spot qui éclaire la toile, dont le reflet de lumière n’est pas le même pour les observateurs en fonction de leur place, ce peut être, dans une optique catéchétique, le regard de l’Autre, la transcendance et sa perception par les hommes.  La création regardée par Dieu. Noir de texture, la création n’en n’est pas moins éclairée par l’Autre (cela peut être aussi l’alter ego). De cette action de la lumière qui se projette et qui finit, elle-même, par reflet, à être lumière, Soulage le nomme l’« outre noir », une sorte d’au delà du noir, un autre espace : « Une lumière transmutée par le noir et comme outre-Rhin et outre–manche désignent un autre pays, outre-noir désigne aussi un autre pays, un autre champ mental que celui du simple noir. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.30).

La position : le changement de place complexifie encore le reflet de la toile, puisqu’en fonction des différentes positions de l’observateur, on voit  autre chose à chaque fois. On ajoute dans l’observation multiple le spacio-temporel qui en tous les cas imprime une dimension plus anthropologique à l’acte d’observer. L’homme à plusieurs âges et/ou à plusieurs endroits n’est pas ou plus le même. Dans une séance à plusieurs, c’est ici que la notion de partage, d’échange et de confrontation intervient, puisqu’il est possible de partager « ses » expressions ressenties en fonction des endroits traversés…

Dernier élément, un clin d’oeil du temps ;  Pierre Soulage est né un 24 décembre, nuit lumineuse depuis la nuit des temps..

Textes bibliques

Les textes de la création, Genèse 1 et/ou le Psaume 104 peuvent être un magnifique ancrage par les regards que nous avons sur la création.

Place d’une telle séance dans un cursus

Incontestablement pour démarrer un cursus, pour faire un groupe et surtout pour reprendre des thématiques qui ne manqueront pas de surgir…

Les adolescents et les rites

L’objectif de cet article essaye de cerner, du point de vue des adolescents, ce que peut bien signifier le rite pour eux compte tenu du fait qu’il ne peuvent plus se reposer sur ceux que proposent la société mais sur ce que la société promeut avec vigueur, à savoir ; la consommation.

Le rite au gré de la consommation

Parce qu’elle procure du nouveau en permanence et que de ce fait elle peut prétendre à faire de celui qui s’y plie d’être chaque jour nouveau, la société de consommation parle :

« Ma rencontre avec le piercing, c’est pour avoir une boucle d’oreille ailleurs que sur le lobe des oreilles. Pourquoi ? J’en sais rien. J’ai voulu ça parce que c’était la mode. Ouai. j’ai voulu quelque chose de différent. » (Claire 18 ans)

Soumis au nouveau, mais soumis aussi au momentanée, à l’instant ; d’où les changements radicaux qu’on peut percevoir chez un jeune. S’il y a une constance, une continuité avec ces changements, on la trouve dans la séparation d’avec les parents

« Ras-l’cul des vieux, j’en ai ma claque, pour moi c’est mes potes, un point c’est tout ! Ils peuvent me demander n’importe quoi, je le fais. » (Eric 17 ans)

On veut briser la dépendance aux parents, c’est une constante pour mettre en avant la loyauté au groupe, ce que les premiers ont du mal à accepter, et on peut le comprendre… Il n’empêche que les difficultés ne sont pas écartées pour autant, elles sont simplement autres puisqu’on passe d’une tyrannie à une autre ; celle des pères à celle des pairs… Indéniablement difficile à vivre mais qu’importe puisqu’elle est choisie.

Un prospect (candidat pour être du groupe) des Hells Angel témoigne :

« Ben ouai ils m’ont réveillé en pleine nuit, je devais me rendre à la Place de la Rippone pour aller faire une mission. Je savais pas quoi, mais j’y suis aller. C’est tout, où tu veux faire partie du MC (Moto Club alliant la Harley et une idéologie très « à droite »…) ou tu veux pas en faire partie. C’est une question de choix. » (Benjamin, 20 ans)

Braconner un peu de sens

Les épreuves subies,celles-ci comme de multiples autres,  ne relèvent plus de notions classiques, ce sont de véritables rites parallèle, Le Breton (2007) les nomme « de contrebande » (Le Breton, 2007) comme pour montrer que les jeunes braconnent ici ou là du sens. Ces rites ne reposant pas sur des cérémonies établies, mais au contraire, sur une invention cohérente au regard d’une histoire personnelle.

« C’est ma marque personnelle, à moi… Personne ne sera comme moi alors comme j’ai pas envie d’être comme les autres, voilà pourquoi je fais ça » (Johann, 21 ans)

De l’identité par le corps pour être ce qu’on montre à l’autre, ces rites impliquent des heurts avec les autres, avec le monde ; la souffrance et la mort font partie du jeu…

L’existence ne se satisfait plus à partir de l’institué mais de l’instituant… En terme de définition de ce que sont ces rites, on peut dire qu’il s’agit moins, pour les jeunes de passer d’une classe d’âge à une autre que de passer de la souffrance subie, d’être soi à un soi qui, pour naître, se doit de souffrir. Il n’y a rien de plus problématique que le vie qui se donne… Non il faut se la donner.

Toujours recommencer…

Le risque de ces nouvelles ritualités, c’est que ce n’est jamais fini… Il faut être à la hauteur, toujours à la hauteur. Ainsi de l’impératif de montrer son courage aux autres au risque d’être le bouffon de service, est ce qui le plus redouté par tous. Exemple ; les soirées qui se répètent chaque samedi après la semaine de travail où il faut toujours démontrer sa résistance à la boisson ou son aisance à défier l’autorité.

Solitaires, les épreuves s’imposent dans un contexte de « déliaison sociale » réelle ou vécue comme telle. Le changement créé par l’épreuve n’est pas transmissible aux autres et ne s’inscrit dans aucune mémoire collective. Dans une vie dans laquelle il faut à chaque fois « se » donner sa marque personnelle (personnel branding), il faudra à nouveau « se » mettre en danger parce que le rite n’ôte pas la souffrance de la vie, il la contient jusqu’au prochain appel.

« Ces épreuves sont des rites intimes, privés, autoréférentiels, méconnus, détachés de toutes croyance et tournant le dos à une société qui cherche à les prévenir. » (Le Breton, 2008) Il est clair que si nos sociétés parvenaient à jalonner le parcours de vie des jeunes avec plus de solidité et de pertinence, elles ne seraient pas confrontées à cette masse de désespérance et d’incompréhension. Mais le peuvent-elles ?

Guy Labarraque

Sources :

Bauman Z. (2010), « l’amour liquide n’a que des agréments » Philosophie, Mars 2010, p. 58-63.

Le Breton D. (2007), En souffrance : adolescence et entrée dans la vie, Paris, Métaillé.

Le Breton D. (2008), « Rites de contrebande d’une jeunesse contemporaine», in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, 146-151.

Zittoun T. (2008), « Tolstoï, la Bible et André the Giant : les ressources que les jeunes se donnent », in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, p.174-175.

le « passage » des adolescents dans une société liquide

Du liquide comme « solide »

Toujours à changer…

Un jour c’est comme ça et puis un autre c’est comme ci…

Toujours le même constat sur les jeunes avec toujours les mêmes mots : lunatiques, inconsistants, changeants, « réversibles et impermanents » (Wyn et White, cités par Zittoun, 2008), bref jamais les mêmes…

Les causes ?

Soulignons-en deux, mais qui peuvent n’en faire qu’une.

  1. L’adolescence : une notion récente et « socialement construite ».

C’est ce que disent les observateurs en voyant se placer une « zone » entre la fin de la scolarité et le travail. Avant on passait de l’état d’enfance à celui de travailleur, maintenant on va au lycée ou au gymnase et on étudie pour être mieux à même d’affronter le monde, dit-on… Seulement cette vie entre deux, est loin d’être évidente qu’un adage moderne pourrait bien résumer : « tais-toi quand tu parles »… Encore enfant (celui qui ne s’exprime pas) et surtout pas adulte (celui qui a finit sa croissance).

2. La société bouge et est socialement déconstruite !

Qu’une société bouge ce n’est pas nouveau, mais qu’en revanche, les « problèmes dans la société croît à mesure qu’elle évolue. » (Bauman, Z., 2010), c’est assez nouveau. Pas d’évolution sans nouveaux problèmes en quelque sorte, à tel point qu’on a fini par dire de la société, à force de bouger tellement, qu’elle est « liquide » voire liquidé. C’est peut-être l’autre raison qui expliquerait le pourquoi de cette jeunesse si difficile à saisir.

Société liquide ?

N’ayons pas peur des mots, car c’est un peu ça… Prenons, ce qui dans le tissu social, permet d’accompagner l’évolution du jeune, le passage d’un état à un autre (par exemple de l’écolier à l’apprenti). Aucun de ces « rites de passage » ne fait sens pour tous les autres ; les vies sont tellement différentes et les chemins tellement personnelle… Le premier verre à 16 ans est une rigolade, les rôles que jouaient les sociétés de tir, les pompiers, la fanfare du village sont devenus de l’exotisme, voire du folklore, quant aux étapes religieuses… Qu’entendez-vous par là exactement ?

L’absence de « significations partagées » de ces liens aboutit aujourd’hui à « une privatisation des processus de construction de sens » (Zittoun, 2008).

Qu’est-ce qu’un rite pour un adolescents?

Quels conséquences ? L’adolescent devient, à défaut d’une autorité sociale, l’auteur de lui-même de ce qu’il met en place. Il se met au monde lui-même, il se créé et finalement ne s’autorise que lui-même (Le Breton, 2008).

Les « transitions » ont lieu alors que les jeunes accèdent à une « responsabilité symbolique » ; c’est à dire au moment où dans leur environnement les jeunes apparaissent comme responsables de ce qu’ils lisent, de la manière dont ils s’habillent, des films qu’ils vont voir, de la musique qu’ils écoutent, bref de ce qu’ils retiennent comme pertinent pour eux.

C’est au lycée en générale au contact des autres que cette responsabilité symbolique surgit.

Guy Labarraque

Sources :

Bauman Z. (2010), « l’amour liquide n’a que des agréments » Philosophie, Mars 2010, p. 58-63.

Le Breton D. (2008), « Rites de contrebande d’une jeunesse contemporaine», in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, 146-151.

Zittoun T. (2008), « Tolstoï, la Bible et André the Giant : les ressources que les jeunes se donnent », in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, p.174-175.

Collision

Le film – Synopsis

COLLISION – CRASH

Date de sortie en salle : 14 septembre 2005

Réalisé par Paul Haggis

Avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon, Brendan Fraser, Terrance Hoeard

Long métrage américain

Genre : drame

Durée : 108 minutes

Année de production : 2004

Le thème

Los Angeles, ville immense dans laquelle les gens qui y vivent se côtoient, mais ne se rencontrent pas ou jamais. Or ce film est justement l’histoire ou les histoires de ces gens qui n’ont aucune raison de se rencontrer et qui, pourtant se rencontrent… Et s’ils se rencontrent c’est à chaque fois en situation de « crise » (accident, contrôle routier, vol, hasard, etc.).

Des histoires de vie et la vie…

Le film pose en fait plusieurs questions à l’être humain… Nous connaissons-nous bien ? Sommes nous certains de réagir de telle façon lorsque nous sommes confrontés à une situation d’urgence ? Sur quoi repose nos actes de la vie de tous les jours ? Quelles sont les valeurs qui guident notre vie ?

Il est clair que le réalisateur (scénariste de Quantum of Solace, Casino Royale, Mémoires de nos pères, Million dollars baby) n’apporte pas de réponse à ces questions, puisque nous repartons de ce films en nous les posant pour nous même. Peut-être avons-nous en en tête la fameuse réplique d’Octave dans un film de Renoir, Les Règle du Jeu;  « Le plus terrible dans ce monde, c’est que chacun a ses raisons. » et peut-être que vous ne seriez pas loin d’une certaine réalité.

C’est dur pour tous le monde

Celà étant, et c’est l’autre versant de ce film, Paul Haggis nous décrit le parcours de vie  de  chacun des protagonistes qui tous sont face à des difficultés. Du plus haut de l’échelle sociale jusqu’en bas, riches comme pauvres ; personne n’est épargné par les épreuves. Entre la femme du procureur, dépressive (Sandra Bullock), le voleur de voiture superstitieux, jusqu’au jeune flic, à la gueule d’ange, tous traînent avec eux des « gamelles » dirions-nous, et qui, élément important, prennent leur part dans les choix et les décisions.

Ma critique

Il est indéniable que ce film se regarde bien ; le réalisateur a pour moi évité les clichés qu’on a dans pas mal de film américain avec d’un côté le blanc bon et le black mauvais. A ce sujet, le réalisateur appelle à la nuance ; ainsi les latinos ne sont pas tous mexicains, les asiatiques pas tous chinois et les musulmans encore moins tous des arabes… D’un point de vue plus technique, les « belles scènes ,  (celle ou l’issue des rencontres se termine par une victoire de la vie), comme celle du sauvetage d’une femme prise par les flammes de sa voiture et celle de la fillette échappant par miracle au bal d’un homme désespéré, sont filmées au « ralenti » et sous couvert de musique. C’est un choix du réalisateurs que d’aucuns peuvent décrier. Pour moi, il y aurait la mise en exergue de l’agir humain, lorsqu’il est beau, pourquoi pas…

A noter également, une magnifique scène où un père rassure sa fille en lui contant une histoire. Magnifique exemple d’une bonne pédagogie ayant pour objectif d’apaiser la peur des enfants.

L’inspiration du film

Le film est inspiré des évènements ayant eu lieu dans cette ville en 1992. Rappelons-nous…

Les faits débutent le 29 avril après qu’un jury, principalement composé de blancs, acquitte 4 policiers ayant frappé à terre un automobiliste noir, Rodney King. Or une vidéo prouvait les violences policières… Dans les rues, la foule manifeste et demande justice, sans succès, provoquant les dérapages que nous connaissons.

Les dégâts au niveau humain sont lourds entre 50 et 60 morts et des milliers de blessés. En plus de cela, pour rétablir l’ordre, le président Bush envoie l’armée avec un effectif de plus de 4000 hommes.

En 1993, les policiers bastonneurs sont finalement rejugés par un tribunal fédéral, mais seul deux d’entre eux écopent 30 mois de prison après une semaine de délibération.

Au delà des faits, les émeutes de Los Angeles révèlent des problématiques importantes des mégapoles modernes, j’en cite quelques unes :

  • Un taux de chômage particulièrement élevé avec entre autre le fait que les entreprises du centre de LA régulièrement de leurs employés noirs, syndiqués, pour les remplacer par des immigrants latinos, payés moitié moins que leurs prédécesseurs
  • Une police urbaine, violente et jouant les divisions entre communautés
  • Des changements démographiques importants et rapides qui modifient un équilibre précaire. On sait, par exemple, que dans les quartiers historiquement noirs de LA, la population hispanique à augmenté en 10 ans de plus 100%.

Beaucoup de commentateurs ont enfin mis le doigt sur l’importance des vidéos amateurs qui ont finalement été reconnus comme traces d’une réalité que les forces de l’ordre voulaient nier.

Guy Labarraque

Voir : animation

Les 5 axiomes de la communication selon Paul Watzlawick

Présentation

Il existe de nombreux modèles de communication, Watzlawick résume en 5 axiomes les principes de la communication :

  1. On ne peut pas ne pas communiquer
  2. Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication
  3. La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires
  4. La communication humaine utilise simultanément deux modes de communication : digital et analogique
  5. La communication est soit symétrique, soit complémentaire

Développement

1. On ne peut pas ne pas communiquer

Chaque être humain adopte un comportement X ou Y dans la vie et ce  comportement a valeur de message.  Même en ne faisant rien, on dit quelque chose… Avoir quelqu’un qui  ne dit rien en séance est porteur d’un message…

2. Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et est par suite une métacommunication

Le premier aspect concerne ce qu’on veut faire passer, le contenu qui peut être oral ou écrit. Quand le climat de confiance règne, il est possible de dire que les interlocuteurs se concentrent sur ce pan là de l’acte de communiquer. Mais rien n’est jamais que du contenu…

On cherche toujours à communiquer autre chose, un contentement, une émotion et dans les cas où le climat n’est pas au rendez-vous, ce peut être de la frustration, de la colère. Pour Watzlawick, ce second aspect est prioritaire, car si la relation est mauvaise le contenu sera soit rejeté, soit déformé, soit ignoré.

Comment intervient ce « comment » de l’acte de communiquer ? Par  tout ce qui est du non-verbal (regard, intonation, gestuelle, mimique…). C’est ce qu’on appelle la métacommunication ; ce qui se communique quand on communique.

3. La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires

La communication est un échange entre partenaires et ce que fait l’un à une incidence sur les autres et vice versa. Souvent on a tendance à considérer notre attitude seulement en réaction au comportement de l’autre, en minimisant l’impact de notre propre attitude. Voilà pourquoi on a sur les mêmes faits des avis opposés. Si « Monsieur » reste tard au travail, c’est que « Madame » lui fait constamment des reproches, mais pour cette dernière, les reproches sont une conséquence de ces retards… Allez comprendre ! Et bien justement, c’est là le problème…

du point de vue des échanges verbaux ; quand je dis quelque chose à quelqu’un, je ne peux pas sous-entendre que ce que j’ai dit est exempt d’intention. Mon discours va influencer la réponse de l’autre en conséquence de ce que j’ai dis. A mon tour, lorsque je vais entendre ce que mon interlocuteur me dit, je vais l’interpréter comme étant marqué, là aussi de X intentions qui peuvent être négatives ou positives.

Alors que se passe t-il ? Soit le « jeu conversationnel » tourne en rond et la relation risque d’être courte, soit il y a remise en cause de ce qui est dit, reformulation, et écoute… Dans ce cas là, la conversation continue, parce qu’elle va se « ponctue » positivement.

4. La communication humaine utilise simultanément deux modes de communication : digital et analogique

Si je veux communiquer que la montagne est haute à quelqu’un qui ne comprend pas ma langue, je vais faire des mouvements de la main qui montrent qu’il y a quelque chose qui monte et qui descend. Mon geste va ressembler à ce qu’il est censé signifier. C’est le langage analogique.

Si l’autre comprend ma langue, j’utilise le langage et donc un code qui ne montre rien… Seul la connaissance en commun de ce code me permet d’être compris par mon interlocuteur. C’est le langage digital.

Or, on a besoin des deux. La communication analogique définit la relation. Elle est très intuitive et signifiante, mais manque de souplesse, et peut s’avérer ambiguë. Les larmes, par exemple, peuvent exprimer la joie ou la peine, tout dépendra du contexte. On ne peut nier une émotion ou un sentiment, on ne peut que le vivre.

Pour lever l’ambiguïté propre à ce mode de communication, il faut le traduire, c’est-à-dire passer de l’analogique au digital, ou encore parler sur la relation, c’est-à-dire métacommuniquer. Naturellement, cette traduction, comme toute traduction, soulève le problème de la distorsion et de la perte d’information, d’où pour Watzlawick l’importance de la simultanéité.

5. La communication est soit symétrique, soit complémentaire

Une relation symétrique est une relation d’égalité qui minimise la différence. Une relation complémentaire, au contraire, maximise la différence, avec deux positions, l’une haute et  l’autre basse.

Nous sommes rarement dans une communication empreinte d’égalité, mais le plus souvent dans une relation complémentaire. On pourrait croire, dans ce type de relation que la position haute est meilleure. En réalité ce n’est pas juste, parce que celui qui l’occupe va toujours devoir démontrer qu’il a raison, qu’il communique mieux… Bref qu’il est « bon». Et lorsqu’on sait que dans un contexte de communication, cette position est toujours la plus faible, on mesure le challenge…

Guy Labarraque

Sources :

Watzlawick  P, Helmick J. 1979  Une logique de la communication. Paris, Le livre de poche, 280 p.

Autre théorie : l’agenda setting

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