Proposition
Temps : 2 à 3 heures Ages : 15 – 16 ans
Groupe : 10 – 12 jeunes Nombre d’animateurs : 3 dont 1 théologien
- Matériel
- Grande feuille de papier
- Gouache noire en grande quantité ou du brou de noix
- Un grand nombre d’ustensiles pour dessiner, l’idée est de leur suggérer différents moyens d’appliquer la couleur sur la feuille
- Prévoir en tout cas un racloir ou des spatules dans les ustensiles de peinture
. Soulage emploie deux modes principaux d’application ; soit il dépose la peinture (il parle de pâte), soit il l’applique avec une lame et racle.
- Prévoir une lampe-spot facilement transportable
- Des grands cartons sur lesquels on pourra fixer les oeuvres afin de les avoir en « station debout »
- Tous les éléments de protection ad-hoc, évidemment
2. Consignes et déroulement de la réalisation de la toile
- Mettre les jeunes par tout petit groupe ; trois dans l’idéal
- Chaque groupe choisit plusieurs ustensiles
- Leur donner une demi heure pour proposer une oeuvre avec la consigne suivante : « deux d’entre vous sont chargés de produire avec une couleur et les ustensiles à disposition une toile. A chaque fois qu’une idée vous traverse la tête pendant que vous faites la toile, vous l’exprimez à la personne du groupe qui ne peint pas et qui l’inscrira sur une autre feuille. »
- A l’issu de la toile le groupe des trois essaye de voir ce que donnent ensemble les différentes impressions pour les communiquer. Ils peuvent :
– Choisir le sens chronologique d’apparition des mots
– Choisir un système d’association
– Construire une histoire avec
3. Expression à partir de l’oeuvre
Il s’agit dans cette partie d’imaginer que les jeunes puissent voir chacune des oeuvres de deux façons en changeant de place (prévoir trois changements de position). Pour ne pas trop compliquer les choses, il importe de ne pas changer la lumière de place.
L’idée est ensuite de partager dans le sens suivant :
- Ceux qui observent disent personnellement ce qu’ils ressentent en face de la toile et en fonction des différentes positions qu’ils ont eues en face de la toile
- Ceux qui ont réalisé la toile parlent ensuite pour délivrer ce qu’ils ont exprimé en faisant
- Une confrontation peut ensuite se faire qui soulignera les rapprochements et les éloignements dans les expressions
Réflexions pour la touche spirituelle de l’animation
Avec l’ensemble des éléments qui sont produits par le groupe, il peut être possible d’imaginer, de creuser les points suivants :
Autre couleur et noir : Pour montrer toute la force du noir et surtout le fait que la lumière s’y réfléchit de façon toute particulière, l’idée serait d’introduire cette partie plus théorique par une une toile faite avec exclusivement du jaune ou une autre couleur claire. Et ce afin de bien percevoir l’action du jeu entre le noir et la lumière.
Le noir, avant d’évoquer ce qui est noir justement, renvoie à la matière, la terre, la glaise, la tourbe et a des réminiscences d’origine. « Le noir est antérieur à la lumière. Avec la lumière sont nées les couleurs, le noir lui est antérieur (…) ces notions d’origine sont profondément enfouies en nous (…) une couleur violente, mais qui incite à l’intériorisation. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.29).
La lumière : le spot qui éclaire la toile, dont le reflet de lumière n’est pas le même pour les observateurs en fonction de leur place, ce peut être, dans une optique catéchétique, le regard de l’Autre, la transcendance et sa perception par les hommes. La création regardée par Dieu. Noir de texture, la création n’en n’est pas moins éclairée par l’Autre (cela peut être aussi l’alter ego). De cette action de la lumière qui se projette et qui finit, elle-même, par reflet, à être lumière, Soulage le nomme l’« outre noir », une sorte d’au delà du noir, un autre espace : « Une lumière transmutée par le noir et comme outre-Rhin et outre–manche désignent un autre pays, outre-noir désigne aussi un autre pays, un autre champ mental que celui du simple noir. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.30).
La position : le changement de place complexifie encore le reflet de la toile, puisqu’en fonction des différentes positions de l’observateur, on voit autre chose à chaque fois. On ajoute dans l’observation multiple le spacio-temporel qui en tous les cas imprime une dimension plus anthropologique à l’acte d’observer. L’homme à plusieurs âges et/ou à plusieurs endroits n’est pas ou plus le même. Dans une séance à plusieurs, c’est ici que la notion de partage, d’échange et de confrontation intervient, puisqu’il est possible de partager « ses » expressions ressenties en fonction des endroits traversés…
Dernier élément, un clin d’oeil du temps ; Pierre Soulage est né un 24 décembre, nuit lumineuse depuis la nuit des temps..
Textes bibliques
Les textes de la création, Genèse 1 et/ou le Psaume 104 peuvent être un magnifique ancrage par les regards que nous avons sur la création.
Place d’une telle séance dans un cursus
Incontestablement pour démarrer un cursus, pour faire un groupe et surtout pour reprendre des thématiques qui ne manqueront pas de surgir…