Animation – Collision

Avant de lire !

Pour savoir de quoi il est question, je renvoie à la présentation du film dont s’inspire les lignes qui suivent :

Présentation du film : Collision

Méthodologie

L’option prise est de ne pas voir l’ensemble du film, mais simplement quelques extraits que je choisi d’articuler ainsi :

  • Voir un extrait de film à arrêter à un moments précis, en plein milieu d’une action
  • Laisser ensuite le groupe discuter des suites qu’ils envisagent et les partager
  • Montrer la fin de l’extrait
  • Ouvrir la discussion sur l’option prise par le réalisateur en élargissant le débat.

On choisira, néanmoins de « planter le décors » en montrant un extrait représentatif de l’ambiance du film avant.

Cette méthode n’est évidemment possible que si les jeunes, en grande majorité, n’ont pas vu le film. L’expérience a montré que peu de jeunes l’avaient vu et pour les quelques cas où certains d’entre eux l’avaient effectivement vu, ces derniers se sont abstenus de prendre la parole lors de la première phase de l’animation. En revanche, pour la dernière partie, ils ont évidement pu entrer en discussion.

En fonction du temps qu’on a, on répétera cette façon de faire autant de fois qu’on aura d’extraits.

Support bibliques :

Parmi les supports bibliques, notons ces quelques textes :

  • Le reniement de Pierre :
    • L’annonce : Marc 14,26-31 (//Mt 26,30-35)//Lc 22,33-34 et Jn 13,37-38)
    • Le reniement : Marc 14,66-72 (//Mt 26,69-75//Lc 22,56-62 et Jn 18,17.25-27)

Thématique : Faire ce qu’on a dit n’est pas évident – on est un mystère pour soi-même –

Ne jamais se fier aux apparences ou aux paroles dites – on peut changer d’avis – la décision n’intervient pas forcément après réflexion…

Philo

On pourra consulter deux textes :

Guy Labarraque

Enfants théologiens – Der Kindertheologie

Il y a des formules tellement utilisé qu’on oublie de se poser la question des enjeux et de ce que ces dernières pourraient dire… Tenez prenez l’adage fort connu ; « la vérité sort de la bouche des enfants ». Il est employé à de nombreuses reprises pour signifier bien des vérités que les adultes essayent souvent de masquer.

Et si on poussait plus loin la question, non pas tant de la vérité en tant que telle, puisqu’on sait que cette question est délicate et qu’on a, même dans les domaines les plus objectifs, d’importantes variations, on serait très étonné de ce que peuvent penser les enfants et de ce qu’ils peuvent croire.

Je me souviendrai toujours, alors que je célébrais un culte en paroisse, d’une réponse étonnante d’un de ces enfants pendant que j’essayais de rendre vivante l’une des parabole de Jésus (la parabole des deux fils improprement nommée la parabole du fils prodigue, Lc 15,11s). J’essayais, donc, au moyen de ma narration de leur faire comprendre que le fils cadet (celui qui était parti dépenser tout l’argent paternel) n’avait plus qu’une chose à faire ; retourner chez son père. Et pour ce faire je mettais un effort considérable à montrer le dénuement de ce pauvre fils qui au milieu des cochons ne parvenait même pas à manger les caroubes (racines dures que seuls les cochons pouvaient manger). C’est alors qu’un de enfants me dit : « mais il faut qu’il tue le cochon ! »

Imaginer ma mine, et le rire de l’assemblée en entendant cette réplique qui comme le disent les jeunes « cassait » mon effet. La logique de l’enfant venait de prendre en défaut la mienne qui, pas un seul instant, n’avait imaginé ce type de réponse.

Laissons-là l’anecdote, j’ai réussi à m’en tirer et à retomber sur mes pieds pour finir l’objectif que je poursuivais dans mon message. Il n’empêche que cette intervention ouvrait une porte que le monde germanique a déjà ouverte depuis longtemps avec ce qu’il nomme « der Kindertheologie » qu’on peut traduire en français par « l’enfant théologien. » L’enfant théologien que l’adulte prend en compte en essayant d’être avec lui dans ses questions, ses réponses et les évolutions de celles-ci. C’est donc, pour l’adulte, une pédagogie qui proposera de développer chez l’enfant sa propre manière de comprendre au lieu de vouloir la corriger.

Guy Labarraque

Comment croient les enfants ?

le jeu – expression ludocréative

Si vous ne savez pas trop de quoi on parle lorsqu’on évoque la ludo-créativité, c’est normal puisque c’est encore nouveau, encore que…  Bref, L’expression ludocréative est une méthode d’enseignement développée par Raimundo Dinello, spécialiste en pédagogie, qui a travaillé pendant plusieurs années en Amérique latine. Deux idées phares nourrissent son approche :

  • Miser sur un enseignement qui ni compartimente ni sépare (par exemple, ceux qui suivent de ceux qui ne suivent pas) ;
  • Focaliser le processus d’apprentissage non pas sur l’intention de l’enseignant mais sur l’apprenant.

Voici en quelques mots l’intention fondamentale de la méthode ludocréative.

  1. L’expression

L’expression pourrait se définir comme l’activité d’un sujet qui investit profondément son énergie, sa sensibilité, son intelligence, après avoir satisfait ses besoins vitaux, afin de « refléter » la création et ce dans le but de se l’approprier.

  • Une grande diversité de matériaux est transformée par l’affirmation d’un input créatif
  • C’est une projection (prolongation ?) de son existence

« C’est la créativité qui permet à l’homme finalement de postuler l’existence de son soi. » (Winicott, 1975, p. 126).

  1. Le matériau – l’objet (ob-jacere)

L’objet ne dit rien par lui-même (comme les traces de couleurs). Aucun matériau ne dit en lui-même quelque chose :  « Tout est dit quand on dit les choses ».

  • Le matériau – l’objet n’a de sens que lorsqu’il reflète le sujet qui les transforme
  • Le matériau – l’objet reste toutefois indépendant du sujet puisqu’il peut acquérir d’autres significations par d’autres sujets.
  1. Le jeu

Il est inhérent à la nature de l’homme et « c’est sur la base du jeu que s’édifie toute l’existence expérientielle de l’homme » (Winicott, 1975, p. 126)

  • L’enfant grandit, se développe et apprend par le jeu
  • « Le jeu et l’art sont des transformations d’énergie de l’être avide d’exister. » (Dinello, 2006, p.37)
  • Le seul échec dans le jeu, c’est de devoir s’arrêter ou de ne pas s’amuser !
  1. Expression ludocréative

Par les diverses activités d’expression, l’apprenant (enfants, adolescents, adultes) s’approche de l’essence de l’apprentissage en organisant ses connaissances (Dinello, 2006, p38). Si c’est un être à soi, c’est aussi un être en société.

S’exprimer avec un moyen qui « nous » correspond, consiste à extérioriser sa substance profonde. La forme de l’expression renvoie au fond même de l’expression.

En y réfléchissant bien et en essayant de la pratiquer, je ne suis pas sûr que ce ne soit pas quelque chose qui remonte assez loin dans le temps… Depuis que l’homme dresse la tête vers le ciel et prend un objet pour l’utiliser.

Guy Labarraque

Obtenir le texte complet : guy.labarraque@protestant-vaud.ch

Sources :

Dinello R. (2006), Artexpression et créativité, Montevideo, Grupo Magro.

Winicott, D.W. (1971, 1975 pour la traduction française), Jeu et réalité, Paris, Gallimard.

Site de l’association ludico-créative en Suisse