La Mission

Le film – synopsis

Mission – MISSION

Date de sortie en salle :  31 octobre 1986

Réalisé par Roland Joffé

Avec Robert de Niro, Jeremy Irons, Ray McAnally, Liam Neeson…

Long métrage anglais

Genre : drame

Durée : 120 minutes

Année de production : 1986

Le thème

Amérique du Sud au milieu du XVIIIème siècle, du côté de l’actuel Paraguay au sein des Missions mises en place par les pères Jésuites. Si le film traite, dans sa totalité, du sort de ces missions en Amérique latine, il traite également de la destinée d’un homme, un mercenaire, chasseur d’esclave (Robert de Niro) qui après avoir tué son frère en duel, pour une femme, finit par embrasser la foi chrétienne… C’est de ce point de vue-là qu’il peut être passionnant avec des adolescents.

Détail du thème

La « chute »

Mettons-nous à la place de ce chasseur d’esclave qui apprend que sa promise aime finalement son propre frère… Encore une histoire de famille dont on sait qu’elles sont les plus terribles (Cain et Abel). A ce chagrin d’amour s’ajoute le chagrin de n’être pas du tout apaisé par cet acte de vengeance, même si du point de vue de la loi, il est en règle. Bref, son tourment n’est pas apaisé, bien au contraire, il est dans l’impasse de sa vie entièrement vouer au crime contre les autres, contre ceux qu’ils aiment et finalement contre lui-même. En un mot, la chute et le pire, le temps n’y fait rien.

Le défi

Comment faire dès lors pour poursuivre ? C’est là qu’intervient un Père Jésuite à qui on demande de faire quelque chose pour cet homme qui se terre dans un cachot sans manger depuis des mois. Le Père Gabriel (Jeremy Irons) intervient dans le pur style de la tradition Jésuites. On peut décrire son action ainsi :

  1. La première chose consiste à se placer au niveau de Mendoza dans son univers. C’est un guerrier qui réagit lorsqu’on le provoque ; c’est ce que fait le Père Gabriel en le traitant de « lâche » puisqu’il ne sort plus, ne mange plus et ne fait rien d’autre que de se morfondre. Une provocation qui fait sortir le chasseur d’esclave de sa torpeur et qui le conduit à avouer que rien ne pourra lui apporter la paix et le réconfort après ce qu’il vient de faire. Vraiment rien ?
  2. En second lieu, le Père Jésuite pose Dieu dans la relation avec l’homme en lui disant qu’il a créé l’homme libre et pour Mendoza, le fait qu’il l’ait complètement laisser libre de tuer son frère, en est la preuve. Sur ce constat, Le Jésuite propose à Mendoza de choisir librement un acte réparateur ? C’est librement qu’il a choisit un acte de mort, est-il capable de choisir librement un acte de vie tout aussi couteux ? Un acte, en d’autres termes qui ne mettent pas la vie des autres en danger mais bien la sienne ! Pourquoi ne pas tenter le coup ?
  3. Mendoza accepte le défi du Père Jésuite en ayant l’impertinence de le défier lui aussi. Nous ne savons pas ce qu’il choisit lorsqu’il lui répond qu’il accepte, mais il se choisit une peine dont il est persuadé qu’il échouera et il demande au Père s’il osera lui aussi de voir de ses propres yeux le désastre…. Lequel ? Celui de voir la mort physique de Mendoza et quelque part l’échec du pardon annoncé…

L’épreuve d’Iguaçu

La suite de l’extrait nous dévoile la pénitence que se choisit Rodrigo Mendoza : remonter les chute d’Iguaçu avec à la traine, ses armes. Celles qu’ils utilisaient pour tuer pourront à tout moment le tuer s’il fait un faux pas dans sa marche dans la montée des chutes. En plus de ce danger, Mendoza en court un autre, si jamais il parvient en haut des chutes, celui de se mettre entre les mains de ceux qu’ils chassaient, les indiens guaranis. Ces derniers le connaissent et savent qui il est.

La libération

Contre toute attente, sauf celui du cinéphile averti Mendoza parvient en haut des chutes et tombe entre les mains des Indiens qui, après hésitations, le détachent de son fardeau (ses armes qu’ils précipitent du haut des chutes). C’est la libération et la nouvelle naissance d’un homme qui est délivré du mal par ceux qu’il faisait souffrir.

Un film adapté aux adolescents et jeunes

Il est adapté à ce public pour beaucoup de raisons. Il est d’abord « extrême ». Rien n’est fait dans de la dentelle ; le meurtre, le défi, et la libération. On ne cesse de se dire, même si on se doute qu’il y aura un lendemain heureux (Robert de Niro oblige) que tout se déroule sur un fil. Il est ensuite par l’idée même de défi. Un adolescent ne cesse de se poser des défis et les réalise parfois, lui aussi avec une inconscience assez incroyable. On pourra, à ce sujet, mentionner que le défi que s’impose Mendoza n’est pas fait n’importe comment. D’abord, il n’est pas seul, l’équipe de prêtres est avec lui et lorsqu’il monte seul les chutes, le spectateur aura remarqué qu’il est assuré par le Père Gabriel. On est, même si c’est complètement fou, dans un dispositif qui comporte un cadre, des règles et un groupe.

Guy Labarraque

Voir : Animation