C’est le titre d’un article paru dans Lumen vitae du dernier trimestre 2010 par André Fossion (AF). « La nécessaire révision des représentations religieuses aujourd’hui », Lumen vitae, 2010/4 pp. 365 – 382.
Dans cet article AF entre en discussion avec de « mauvaises » représentations religieuses que chacune et chacun d’entre nous pouvons avoir venant de notre éducations religieuse, de notre catéchisme et d’une manière générale de n’importe quelle autre autorité nous ayant marqué de ce point de vue là,
Sur quoi se base t-il pour entrer en discussion avec ces mauvaises représentations religieuses ? Sur le fait qu’ « regard de la raison humaine comme de la foi elle-même, elles apparaissent comme déficientes ». Elles doivent, par conséquent être « retravaillées, révisées, transformées » (p. 367).
Ainsi détecte t-il quatre types de représentations « déficientes » :
- celles qui portent des éléments névrotiques au sens psychologique du terme, c’est-à-dire qui conduisent l’individu à adopter des comportements régressifs ou infantilisant. C’est par exemple imaginer que Dieu puisse m’infliger des punitions ;
- Celles qui ne résistent pas au regard de la science ; croire par exemple que les récits de la Genèse ont été écrits en premier parce qu’ils sont au tout début de la Bible ;
- Celles qui sont trop courtes, étriqués par rapport à la totalité de la foi chrétienne. Ce serait par exemple penser que la foi chrétienne ne peut se vivre que d’une manière et pas d’une autre.
- Celles enfin qui présentent des défauts d’inculturation et qui ne font plus sens, non pas parce qu’elles ne sont pas vraies, mais parce qu’on est incapable de les rendre pertinente. AF place ici les symboles fondamentaux de la foi.
AF prends ensuite 4 exemples de représentations qu’il faut reprendre parce qu’ils sont faux ; il est ainsi faux de dire que le christianisme :
- est contre le plaisir du fait qu’il promeuve entre autre la vie monastique
- limite la liberté humaine par la notion d’interdit
- se dresse contre la raison parce qu’il se définit comme une religion révélée
- n’a plus guère de sens parce qu’il est trinitaire
Un premier commentaire s’impose ici dans la mesure où j’ai eu du mal à comprendre pourquoi apparaissait tout d’un coup dans ces exemples, la trinité pour être plus précis. Si je suis parfaitement d’accord pour soutenir qu’il est faut de dire que le christianisme est contre le plaisir, la liberté et la raison qui tous les trois renvoient à ce qu’un être humain ressent dans vie, il n’en va pas de même de la trinité. Pour être plus précis, la trinité ne doit pas être mis au même plan que le plaisir, la liberté ou la raison parce qu’elle est avant tout un Dogme et donc une loi d’Eglise, un concept, une explicitation de la foi. Si AF éprouve, ressent la trinité, je doute d’une part que tout le monde soit de cet avis et d’autre part qu’on le fasse comme on éprouve du plaisir.
Bref la trinité, même si certain, et je suis prêt à l’admettre volontiers, peuvent la « transpirer » n’en n’est pas moins un débat, et quand AF nous dit que les Conciles ont répondu à ces questions (p.375), c’est passer sous silence le sang qu’ont laissé justement ces dernières (les questions) dans le passé et oublier peut être un peu vite qu’aujourd’hui, il existe des communautés chrétiennes qui ne sont pas trinitaires justement, celles qui ne partagent pas le crédo de Chalcédoine (cela représente près de 25 millions de croyants…).
Cela étant je me suis demandé ce que je pourrai mettre à la place de ce malheureux exemple. J’aurais souscris si AF avait dit qu’il est faux de dire que le christianisme développe du dogmatisme parce qu’il repose sur des symboles foi…
Mais aurait-il pu écrire cela ? J’en doute car ce serait admettre que ce qui contribuent entre autre à la construction des représentations déficientes, c’est justement le Dogme.
Prenez votre pied, du plaisir, mais dans le mariage, s’il vous plait ! Bref, je ne vois pas trop comment on peut revisiter des représentations déficientes sans toucher à ce qui contribue à les construire. Rien ne change sous le soleil et la fin de l’article trahit bien l’esprit de cette « révision » qui n’en est pas une, lorsqu’AF nous dit de l’apprenant que « si on ne l’aide pas suffisamment à passer à une nouvelle représentation plus juste, le plus souvent, il reviendra à ses conceptions antérieurs. » (p,377).
A ma droite, chers frères et soeurs celui qui sait à ma gauche… Ceux qui ne savent pas !
C’est dommage car la très belle ouverture que nous avions au début de l’article pâtit de cette limite et pervertit les belles notions pédagogiques qui sont citées par AF, comme l’apprentissage par désapprentissage ou le conflit cognitif (p.377) !
Guy Labarraque – août 2011