Noël – rebelle

christmas_tree___a_fantasy-wallpaper-1280x800J’ai eu l’occasion d’être interpellé par le collectif « les Rebelles de Noël » qui proposait de vivre Noël à «contresens». Il s’agissait de manger uniquement un bol de riz par jour pendant 5 jours… Dur mais une façon de réfléchir au quotidien de millions de personnes dans le monde.

Guy Labarraque

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La nécessaire révision des représentations religieuses aujourd’hui.

C’est le titre d’un article paru dans Lumen vitae du dernier trimestre 2010 par André Fossion (AF). « La nécessaire révision des représentations religieuses aujourd’hui », Lumen vitae, 2010/4 pp. 365 – 382.

Dans cet article AF entre en discussion avec de « mauvaises » représentations religieuses que chacune et chacun d’entre nous pouvons avoir venant de notre éducations religieuse, de notre catéchisme et d’une manière générale de n’importe quelle autre autorité nous ayant marqué de ce point de vue là,

Sur quoi se base t-il pour entrer en discussion avec ces mauvaises représentations religieuses ? Sur le fait qu’ « regard de la raison humaine comme de la foi elle-même, elles apparaissent comme déficientes ». Elles doivent, par conséquent être « retravaillées, révisées, transformées » (p. 367).

Ainsi détecte t-il quatre types de représentations « déficientes » :

  • celles qui portent des éléments névrotiques au sens psychologique du terme, c’est-à-dire qui conduisent l’individu à adopter des comportements régressifs ou infantilisant. C’est par exemple imaginer que Dieu puisse m’infliger des punitions ;
  • Celles qui ne résistent pas au regard de la science ; croire par exemple que les récits de la Genèse ont été écrits en premier parce qu’ils sont au tout début de la Bible ;
  • Celles qui sont trop courtes, étriqués par rapport à la totalité de la foi chrétienne. Ce serait par exemple penser que la foi chrétienne ne peut se vivre que d’une manière et pas d’une autre.
  • Celles enfin qui présentent des défauts d’inculturation et qui ne font plus sens, non pas parce qu’elles ne sont pas vraies, mais parce qu’on est incapable de les rendre pertinente. AF place ici les symboles fondamentaux de la foi.

AF prends ensuite 4 exemples de représentations qu’il faut reprendre parce qu’ils sont faux ; il est ainsi faux de dire que le christianisme :

  • est contre le plaisir du fait qu’il promeuve entre autre la vie monastique
  • limite la liberté humaine par la notion d’interdit
  • se dresse contre la raison parce qu’il se définit comme une religion révélée
  • n’a plus guère de sens parce qu’il est trinitaire

Un premier commentaire s’impose ici dans la mesure où j’ai eu du mal à comprendre pourquoi apparaissait tout d’un coup dans ces exemples, la trinité pour être plus précis. Si je suis parfaitement d’accord pour soutenir qu’il est faut de dire que le christianisme est contre le plaisir, la liberté et la raison qui tous les trois renvoient à ce qu’un être humain ressent dans  vie, il n’en va pas de même de la trinité. Pour être plus précis, la trinité ne doit pas être mis au même plan que le plaisir, la liberté ou la raison parce qu’elle est avant tout un Dogme et donc une loi d’Eglise, un concept, une explicitation de la foi. Si AF éprouve, ressent la trinité, je doute d’une part que tout le monde soit de cet avis et d’autre part qu’on le fasse comme on éprouve du plaisir.

Bref la trinité, même si certain, et je suis prêt à l’admettre volontiers, peuvent la « transpirer » n’en n’est pas moins un débat, et quand AF nous dit que les Conciles ont répondu à ces questions (p.375), c’est passer sous silence le sang qu’ont laissé justement ces dernières (les questions) dans le passé et oublier peut être un peu vite qu’aujourd’hui, il existe des communautés chrétiennes qui ne sont pas trinitaires justement, celles qui ne partagent pas le crédo de Chalcédoine (cela représente près de 25 millions de croyants…).

Cela étant je me suis demandé ce que je pourrai mettre à la place de ce malheureux exemple. J’aurais souscris si AF avait dit qu’il est faux de dire que le christianisme développe du dogmatisme parce qu’il repose sur des symboles foi…

Mais aurait-il pu écrire cela ? J’en doute car ce serait admettre que ce qui contribuent entre autre à la construction des représentations déficientes, c’est justement le Dogme.

Prenez votre pied, du plaisir, mais dans le mariage, s’il vous plait ! Bref, je ne vois pas trop comment on peut revisiter des représentations déficientes sans toucher à ce qui contribue à les construire. Rien ne change sous le soleil et la fin de l’article trahit bien l’esprit de cette « révision » qui n’en est pas une, lorsqu’AF nous dit de l’apprenant que « si on ne l’aide pas suffisamment à passer à une nouvelle représentation plus juste, le plus souvent, il reviendra à ses conceptions antérieurs. » (p,377).

A ma droite, chers frères et soeurs celui qui sait à ma gauche… Ceux qui ne savent pas !

C’est dommage car la très belle ouverture que nous avions au début de l’article pâtit de cette limite et pervertit les belles notions pédagogiques qui sont citées par AF, comme l’apprentissage par désapprentissage ou le conflit cognitif (p.377) !

Guy Labarraque – août 2011

Star dans sa chambre !

Dès la rentrée de l’école, la voilà entrain de prendre le micro et à mettre une chanson de Lady Gaga et puis de chanter et de rechanter sans que cela ne cesse. Alors parfois les nerfs craquent… Vous ne comprenez pas pourquoi votre fille de 14 ans passe son temps son temps à imiter les stars ! Pire, et parce que vous savez quelle est la couleur de ce monde-là, vous lui faites des reproches de se laisser aller dans la superficialité alors qu’elle ne cesse de chercher à être dans le vrai !

Et une discussion animée s’engage qui a toutes les chances de se terminer par une ou deux portes qui claquent ! Si ce n’est que les portes qui claques, c’est un moindre mal… Il n’en demeure pas moins vrai qu’une fois votre fille dans sa chambre et vous, dans la cuisine à partager avec votre conjoint ou votre conjointe, les interrogations sont toujours présentes ; qu’est-ce qui lui prend à se prendre pour Justin Beiber ?

Les paroles de Catherine Monnot, anthropologue, qu’on retrouve dans un numéro spécial de la revue Sciences humaines, consacrée au monde des adolescents, peuvent aider à y voir un peu plus clair et surtout à essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête de l’adolescente. Nous serions, pour Catherine Monnot, dans un processus rituel « d’apprentissage de la féminité. » Il est vrai que si votre curiosité va jusqu’à accepter d’entendre votre  fille chanter sa chanson entièrement ou mieux si vous accepter de voir son clip, parce qu’elle se filme, vous risquez fort d’être surpris. La personne qui se tient devant vous est un petit bout de femme qui crève l’écran qui en plus de chanter, bouge aussi, passe sa main dans les cheveux avant le refrain, se tourne et se retourne avant de regarder l’objectif de son oeil perçant…. Bref impressionnant ! Tout d’une star mais surtout tout d’une femme entrain d’émerger.

Autre élément intéressant, ayant trait cette fois au contenu de ce qui est chanté, et plus généralement aux contenus de ce que nos jeunes filles écoutent ; ce sont, toujours pour Catherine Monnot, « les clichés de la jeune fille qui attend son prince charmant pour vivre un amour éternel et sans nuages ». en quelques mots, les ingrédients les plus caractérisés des contes de fée qui berçaient l’enfance de nos grand-mères.

La belle au bois dormant, Blanche neige, et ses amies ; ces récits qui ont bercé l’enfance de nos grand-mères sont toujours là, sous une autre forme, mais toujours présents. Ils ont pris une place importante dans la constitution de la personnalité de nos aïeules, il importe de s’en souvenir aujourd’hui, même si ces derniers passent par d’autres formes que celles que nous connaissions. Les chansons des stars d’aujourd’hui avec les longs métrages comme Twillight sont visiblement de la même veine.

Guy Labarraque

Source : numéro spécial de Sciences Humaines, mai 2011.

Animation – Mission

Avant de lire

Le présent texte propose des pistes de réflexion à propos d’un extrait du film de Roland Joffé Mission. Il pourrait être conseillé de lire ce qui en est dit pour bien comprendre ce que je cherche à proposer dans le présent texte. Voir Mission

Objectif

Qu’est-ce que signifie changer de vie ? C’est un thème qui est repris par beaucoup de publiciste pour vanter les fruits d’un nouveau produit. OK, mais d’un point de vue spirituel, le changement de vie est souvent est très complexe; il ne se prévoit pas, il inclut un regard sur son passé, sur soi-même, il est chargé d’émotion et n’implique pas que soi…

Thème

A partir d’un récit filmé, on peut essayer d’interroger les ados sur cette thématique du changement en insistant sur l’une ou l’autre ou les trois de ces pistes :

  • La conversion : qu’est-ce qui est souvent à l’origine d’un changement de cap; une crise, une crise généralement importante ?
  • La vengeance : se faire justice soi-même L’épisode souligne bien l’impasse dans laquelle se trouve celui qui veut se faire justice lui-même ; ça ne paye pas et surtout ça n’apaise pas
  • L’accompagnement : jusqu’où peut-on aller dans l’accompagnement ? Quoique puisse être le choix d’une personne, l’important dans l’action du Père Jésuite est qu’il accompagne Rodrigo dans son pari complètement fou.

Méthodologie

Il importe de choisir une thématique par laquelle entrer dans le film ; celle de la conversion, du changement de vie peut être pertinente.

Introduction à la thématique

Nous sommes au milieu du XIXème siècle à l’époque où les Espagnols et les portugais se partagent les territoires de l’Amérique du sud avec sa terre, mais aussi ses habitants. Sur ces territoires, l’Eglise, par l’intermédiaire d’un ordre, les Jésuites, réussit le tour de force d’allier culture locale des habitants des lieux et foi chrétienne. A cette greffe religieuse, il faut ajouter un autre succès, économique celui-là, dans le fait que le produit et les richesses produites par les « Missions » qui sont les communautés que mettent sur place les indiens et les Jésuites sont très prospères… Une prospérités qui déplait au portugais et aux espagnols et qui sera source de bien des ennuis car ces derniers

  • ne touchent rien sur les productions de ces Missions.
  • ne peuvent pas rivaliser pour avoir de la main d’oeuvre. Les Missions, en raison de leur système attirent tous les indiens.

Si le film traite, en générale de la destinée de ces Missions, l’extrait qui nous intéresse traite de la destinée d’un marchand d’esclave qui change de vie…

Visionner l’extrait

L’extrait à visionner se trouve au chapitre 7 à 11 du DVD soit environ 22 minutes de films. Rodrigo Mendoza, mercenaire revient après avoir capturé et vendu des indiens à un noble espagnol. Il retrouve son frère.

Voir l’extrait en deux fois:

  • Premier extrait, chapitre 7 à 9 qui s’arrête juste après que le Rodrigo Mendoza accepte le défi du Père Gabriel

Premier débat en groupe : après s’être convaincu que tout le monde ait compris ce qui se passe, l’animateur entre en débat avec une question de cet ordre : quelle punition Mendoza va t-il s’infliger ?

  • Second extrait, chapitre 10 et 11.

Second débat ne groupe. L’animateur reprend les hypothèses des jeunes à partir de sa première question et souligne là, celles qui se sont rapprochées de ce que nous propose le film. On pourra ensuite reprendre une seconde série de question :

  • Quel est le sens de ce que choisit de faire Mendoza ?
  • Pourquoi Mendoza refuse t-il d’être libérer de son lien par ‘un des pères Jésuite ?
  • Quel est le sens de la libération de ses liens par l’un des indiens Guaranis ?

Textes bibliques

Plusieurs textes peuvent illustrer ce chemin de conversion que les animateurs pourront articulé en fonction de leurs intentions pédagogiques. Nous en soulignons deux :

  • Paul dans les Actes au chapitre 22,4-16
  • La conversion de Zachée : Luc 19,1-10

Pour aller plus loin

On pourra s’interroger après avoir « creuser » cette thématique sur le changement sur la vision théologique du film à propos de l’homme, de Jésus, de Dieu et de l’Eglise.

Demandons-nous justement qui de ces quatre personnages représentent Dieu, Jésus, l’homme et l’Eglise ? On précisera que les trouvailles des uns et des autres ne doivent pas s’exclure mais rassembler les différentes projections des uns et des autres. Voici la mienne.

  • Le Père Gabriel qui incarne Dieu en accompagnant l’homme dans son aventure sans pour autant partager ses opinions… A noter, ce n’est pas lui qui impose la pénitence à Mendoza, mais ce dernier et Dieu est avec lui.  C’est l’accompagnement dépassant les frontières de l’imaginable. Un autre très grand film développe cette thématique, La dernière marche (Dead Man Walking) avec Susanne Sarandon et Sean Penn. Film dans lequel, une visiteuse de prison accompagne un criminel jusqu’à son exécution. En étant dégoutté par le crime abject que ce criminel a commis, elle ne l’en accompagne pas moins ce dernier jusqu’à sa mort.
  • Rodrigo Mendoza qui pourrait incarner l’homme en passe avec ses erreurs, son pêché et qui s’enferme dans des impasses comme celle de la vengeance. L’homme courageux qui refuse une grâce à bon marché qui ne lui apporterait rien pour son remord. L’homme dans sa révolte face à Dieu qui est persuadé que la vie est en non-sens et il veut le lui montrer ! Il y a des choses qui ne se pardonne pas. Et bien si…
  • L’Eglise représentée par l’ordre lui-même des Jésuites dans le film. Dans notre extrait, il apparait par le Père interprété par Liam Neeson. Je préciserais ce rôle (mauvais) en soulignant que l’action de ce prêtre est de prétendre savoir ce qui est bien pour les autres. Cette pénitence ne « sert à rien » – « tous les autres le disent aussi ». Bref des discours qui souvent veulent le bien pour les autres mais à savoir si c’est bien…
  • Le peuple Guaranis : Jésus sans doute dans le fait qu’il transpire l’authenticité. Il reçoit l’amour, la haine et meurt sans demander grand chose en retour.

Documents

On trouvera ici le script de l’entretien entre Rodrigo Mendoza et le Père Gabriel et qui permettra un travail plus en profondeur avec les adolescents sur la question de la conversion.

La Mission

Le film – synopsis

Mission – MISSION

Date de sortie en salle :  31 octobre 1986

Réalisé par Roland Joffé

Avec Robert de Niro, Jeremy Irons, Ray McAnally, Liam Neeson…

Long métrage anglais

Genre : drame

Durée : 120 minutes

Année de production : 1986

Le thème

Amérique du Sud au milieu du XVIIIème siècle, du côté de l’actuel Paraguay au sein des Missions mises en place par les pères Jésuites. Si le film traite, dans sa totalité, du sort de ces missions en Amérique latine, il traite également de la destinée d’un homme, un mercenaire, chasseur d’esclave (Robert de Niro) qui après avoir tué son frère en duel, pour une femme, finit par embrasser la foi chrétienne… C’est de ce point de vue-là qu’il peut être passionnant avec des adolescents.

Détail du thème

La « chute »

Mettons-nous à la place de ce chasseur d’esclave qui apprend que sa promise aime finalement son propre frère… Encore une histoire de famille dont on sait qu’elles sont les plus terribles (Cain et Abel). A ce chagrin d’amour s’ajoute le chagrin de n’être pas du tout apaisé par cet acte de vengeance, même si du point de vue de la loi, il est en règle. Bref, son tourment n’est pas apaisé, bien au contraire, il est dans l’impasse de sa vie entièrement vouer au crime contre les autres, contre ceux qu’ils aiment et finalement contre lui-même. En un mot, la chute et le pire, le temps n’y fait rien.

Le défi

Comment faire dès lors pour poursuivre ? C’est là qu’intervient un Père Jésuite à qui on demande de faire quelque chose pour cet homme qui se terre dans un cachot sans manger depuis des mois. Le Père Gabriel (Jeremy Irons) intervient dans le pur style de la tradition Jésuites. On peut décrire son action ainsi :

  1. La première chose consiste à se placer au niveau de Mendoza dans son univers. C’est un guerrier qui réagit lorsqu’on le provoque ; c’est ce que fait le Père Gabriel en le traitant de « lâche » puisqu’il ne sort plus, ne mange plus et ne fait rien d’autre que de se morfondre. Une provocation qui fait sortir le chasseur d’esclave de sa torpeur et qui le conduit à avouer que rien ne pourra lui apporter la paix et le réconfort après ce qu’il vient de faire. Vraiment rien ?
  2. En second lieu, le Père Jésuite pose Dieu dans la relation avec l’homme en lui disant qu’il a créé l’homme libre et pour Mendoza, le fait qu’il l’ait complètement laisser libre de tuer son frère, en est la preuve. Sur ce constat, Le Jésuite propose à Mendoza de choisir librement un acte réparateur ? C’est librement qu’il a choisit un acte de mort, est-il capable de choisir librement un acte de vie tout aussi couteux ? Un acte, en d’autres termes qui ne mettent pas la vie des autres en danger mais bien la sienne ! Pourquoi ne pas tenter le coup ?
  3. Mendoza accepte le défi du Père Jésuite en ayant l’impertinence de le défier lui aussi. Nous ne savons pas ce qu’il choisit lorsqu’il lui répond qu’il accepte, mais il se choisit une peine dont il est persuadé qu’il échouera et il demande au Père s’il osera lui aussi de voir de ses propres yeux le désastre…. Lequel ? Celui de voir la mort physique de Mendoza et quelque part l’échec du pardon annoncé…

L’épreuve d’Iguaçu

La suite de l’extrait nous dévoile la pénitence que se choisit Rodrigo Mendoza : remonter les chute d’Iguaçu avec à la traine, ses armes. Celles qu’ils utilisaient pour tuer pourront à tout moment le tuer s’il fait un faux pas dans sa marche dans la montée des chutes. En plus de ce danger, Mendoza en court un autre, si jamais il parvient en haut des chutes, celui de se mettre entre les mains de ceux qu’ils chassaient, les indiens guaranis. Ces derniers le connaissent et savent qui il est.

La libération

Contre toute attente, sauf celui du cinéphile averti Mendoza parvient en haut des chutes et tombe entre les mains des Indiens qui, après hésitations, le détachent de son fardeau (ses armes qu’ils précipitent du haut des chutes). C’est la libération et la nouvelle naissance d’un homme qui est délivré du mal par ceux qu’il faisait souffrir.

Un film adapté aux adolescents et jeunes

Il est adapté à ce public pour beaucoup de raisons. Il est d’abord « extrême ». Rien n’est fait dans de la dentelle ; le meurtre, le défi, et la libération. On ne cesse de se dire, même si on se doute qu’il y aura un lendemain heureux (Robert de Niro oblige) que tout se déroule sur un fil. Il est ensuite par l’idée même de défi. Un adolescent ne cesse de se poser des défis et les réalise parfois, lui aussi avec une inconscience assez incroyable. On pourra, à ce sujet, mentionner que le défi que s’impose Mendoza n’est pas fait n’importe comment. D’abord, il n’est pas seul, l’équipe de prêtres est avec lui et lorsqu’il monte seul les chutes, le spectateur aura remarqué qu’il est assuré par le Père Gabriel. On est, même si c’est complètement fou, dans un dispositif qui comporte un cadre, des règles et un groupe.

Guy Labarraque

Voir : Animation

Maintenant je sais

Belle reprise de cette thématique du savoir... Qu'est.ce qu'on sait vraiment ?
Socrate n'aurait certainement pas refusé les paroles de cette chanson interprétée
par la voix rauque et sans comparaison de Jean Gabin !

La chanson

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
J'parlais bien fort pour être un homme
J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS

C'était l'début, c'était l'printemps
Mais quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne
J'regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas
Et je n'sais toujours pas comment elle tourne !

Vers 25 ans, j'savais tout : l'amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l'amour ! J'en avais fait tout le tour !

Et heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.
C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots :

"Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,
j'peux pas mieux dire, il fait très beau !

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse !

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j' savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge ?

Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS !

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais ! Mais ça, j'le SAIS... !

Chanteur : Jean Gabin
Paroles: Jean Dabadie et Philipe Green ( 1974 )

Pour aller plus loin

Connaître

Dans ce que nous connaissons de Socrate et de sa quête de soi et de la connaissance, nous avons un texte entre Socrate et Euthydème. Ce dernier, personnage cultivé de l’époque, a de hautes aspirations, entre autre celle de faire de la politique pour dire les choses simplement. Voici comment Socrate le conduit à réfléchir sur la connaissance de ce qui peut être considéré comme juste ou injuste ; chose importante s’il en est lorsqu’on veut faire de la politique.

A Euthydème qui déclare pouvoir clairement dire ce qui juste de ce qui ne l’est pas, Socrate trace deux colonnes dans lesquelles ils mettra ce qui est juste et ce qui est injuste. Nous devons ce dialogue à l’un des élèves de Socrate, Xénophon.

Socrate

— Ne trouve-t-on pas le mensonge parmi les hommes ?

Euthydème

— Oui.

Socrate

— Où le placerons-nous ?

Euthydème

— Sous la marque de l’injustice, apparemment.

Suivent la même chose à propos de la tromperie, l’action de nuire, de réduire l’autre en esclavage. Puis Socrate définit un sujet bien précis.

Socrate

— Supposons qu’un général asservisse une nation injuste et ennemie : dirons-nous qu’il commet une injustice ?

Euthydème

— Non vraiment.

Socrate

— Nous appellerons donc ce qu’il fait un acte de justice ?

Euthydème

— Sans doute.

Le dialogue se poursuit et on se rend compte que les mêmes actes, injustice, tromperie et même pillage prennent place cette fois-ci dans la colonne Injustice… Le maître poursuit en revenant au quotidien de la vie et donc en dehors d’une situation de crise.

Socrate

— Un enfant a besoin d’une médecine qu’il refuse de prendre ; son père la lui présente comme un aliment, et, par cette ruse, il lui rend la santé : où mettrons-nous cette supercherie ?

Euthydème

— À la même place encore. (c’est à dire dans la colonne juste )

Socrate

— Mon ami est désespéré ; je crains qu’il ne se tue, je lui dérobe son épée, toutes ses armes ; que dirons-nous de ce vol ?

Euthydème

—   Qu’il est juste.

Socrate conclut son dialogue à propos d’une qualité qu’on se doit envers ses amis, ses proches ; la franchise.

Socrate

— Vous prétendez donc que, même à l’égard de ses amis, on n’est pas tenu à la plus grande franchise ?

On a là un débat à poursuivre… On peut s’aider par la différence entre la morale et l’éthique.

Guy Labarraque

Sources

Xénophon, Mémorables, liv. IV, n. 12-16 ; traduction Gail, p. 85-86. Extrait de Ibid., pages 24 et 25.

Que connait-on vraiment ?

Pour cette question, c’est Platon qui nous rapporte ce dialogue avec, Alcibiade, aspirant à quelques hautes fonctions et ce dernier avoue avoir le « tourni » en entendant Socrate parler. « Mais par les dieux, Socrate, je ne sais plus ce que je dis, mais il me semble avoir un comportement absolument étrange. Car quand tu m’interroges, tantôt je crois dire une chose, tantôt une autre. »

Le dialogue commence avec Alcibiade qui pense pouvoir s’imaginer savoir sur des sujets qu’il ignore ; Alcibiade souhaite développer une pré-connaissance des choses. Oui d’accord mais quand on veut agir dans le monde, il faut mieux être sûr de son coup…

Socrate

— Par exemple les préparations culinaires, tu sais que c’est quelque chose que tu ne connais pas ?

Alcibiade

— Hé Absolument.

Socrate

— Mais est-ce que, touchant cela, tu as ton jugement personnel sur la façon dont ces préparations doivent se faire, et ton jugement est-il flottant ? Ou bien t’en remets-tu à celui qui sait ?

Alcibiade

— C’est ainsi que je fais.

Socrate de donner un autre exemple sur la conduite d’un bateau et de conclure :

Socrate

— par conséquent touchant les choses que tu ne sais pas, chez toi, point de flottement (tu ne t’égares pas), n’est-ce pas, pourvu seulement que tu saches ne pas les savoir

Pour l’action politique et on pourrait dire pour tout question fondamentale qui implique une action on est dans le même registre…

Socrate

— Lorsque je suppose, nous projetons quelque entreprise, n’est-ce pas quand nous croyons connaître ce que nous entreprenons ?

Alcibiade

— Oui.

Socrate

— Mais en vérité, quand, je pense, on ne croit pas la connaître, on confie à d’autres l’entreprise ?

Alcibiade

— comment ne le ferait-on pas ?

Socrate

— Or les gens qui, parmi ceux qui ne savent pas, sont ainsi faits, vivent sans commettre de fautes parce que là dessus, ils s’en remettent à d’autres.

Alcibiade

— Oui.

Donc en définitive la grande question qui sont ceux qui savent et qui sont ceux qui ne savent rien ?

Socrate

— Alors quels sont ceux qui commettent des fautes ? Sans doute n’est-ce pas, effectivement, ceux au moins qui savent ?

Alcibiade

— Non certes !

Socrate

— Or puisque ces gens-là ne sont, ni ceux qui savent, ni, parmi ceux qui ne savent pas, ceux qui savent qu’ils ne savent pas (a) en reste t-il d’autres que ceux qui ne savent pas mais qui s’imaginent savoir ?

Sans commentaire, si ce n’est une reprise de cette question en chanson, mais si… « Maintenant je sais » de Jean Dabadie et Philippe Green (1974)

Guy Labarraque

Sources :

Platon, Alcibiade, Bibliothèque La Pléiade, Paris, 1950, page 223 à 224 (traduction et note de  Léon Robin et M.-J. Moreau).

Belle épine

Synopsis

réalisateur : Rebecca Zlotowski
scénario : Rebecca Zlotowski, Gaëlle Macé
image : George Lechaptois
son : Mathieu Descamps
montage : Julien Lacheray
décors : Antoine Platteau
musique : ROB

Le film

Une jeune femme déboussolée par la mort de sa mère se laisse entrainer par une copine frondeuse et proche de quelque motards « limites » de Rungis pour qui, la poignée est soi on soit of avec Burning, weeling, vitesse et mort à la clef.

Sans doute parce qu’il n’existe plus aujourd’hui de quoi aider les individus dans notre société à tourner la page ou donner un sens à sa vie et que ce qui peut être proposé n’est plus reconnu ou vu comme complètement ringard. On va loin pour essayer d’exister en groupe, pour dire qu’on « nous » doit le respect, et de ce point de vue là les adolescents sont les premiers concernés

Le personnage de Prudence (Léa Seydoux) incarne l’adolescent qui ne cessent de vivre dans un monde de paradoxes qu’il ne peut au fond pas accepter. C’est là dans le rapport entre dépendance au parents et loyauté aux copains et plus précisément ici dans ce film avec une immense solitude qu’on fait passer pour de la liberté.

Dans Belle Epine, les nuits sont fascinantes alors que le jour est morne et sans charme. La nuit, les garçons s’affairent autour de leurs roadsters et le jour, ils sont dans le métro dans l’anonymat de la foule à regarder un monde qui ne passe pas… Tant de réel et d’irréel entremêlé fait de ce film une réussite entre le cinéma d’auteur, et le cinéma de genre, celui de l’imaginaire.

Guy Labarraque

Rebecca Zlotowski

De nationalité française. Né en 1980 à Paris (France).
Belle épine est son premier film en tant que réalisatrice.

Les « cinq éléments » de la pédagogie

Comment organiser les méthodes pédagogiques ? (III)

Marguerite Altet propose de structurer les méthodes pédagogiques en relation avec la situation dans laquelle se trouve l’apprenant et l’enseignant. C’est donc le contexte ou le milieu qui compte et moins son rapport au savoir (Louis Not) ou une relation spécifique entre deux des trois acteurs (triangle pédagogique de Jean Houssaye) du dispositif pédagogique. Or qui dit contexte ou milieu parle de flux, d’énergie, de temps, d’équilibre et dessine un système plus complexe, plus global, en un mot systémique (qui prend justement en compte la complexité d’une situation).

Comment l’espace pédagogique est-il structuré ? Marguerite Altet le structure avec 5 éléments :

  • Le savoir
  • La situation
  • Les acteurs
  • La communication
  • La finalité

Comment interpeller les différentes pédagogies à partir de ce cadre composé de 5 éléments ? En examinant comment s’articule et interagissent ces éléments constitutifs. Par exemple et en partant de l’hypothèse qu’on parte de l’item « communication », un pédagogue insistant sur l’intégration de l’enfant dans « la » communauté, aura tendance à épouser les thèses d’une pédagogie socialisante, tout comme le pédagogue, préoccupé d’efficacité, aura tendance à privilégier les courants pédagogiques cherchant à optimiser une pédagogie par « objectif ».

On l’aura compris, il s’agit d’exemples qui ne sont en rien normatifs, mais qui peuvent aider à situer les tendances des uns et des autres, autant ceux qui se réclament de tel ou tel courant que ceux qui ne s’en réclament pas.

Guy Labarraque.