Roman d’Ados

Documentaire sur l’adolescence

Filmer 7 adolescents pendant 7 ans (de 12 à 18 ans) en suivant leurs évolutions, leurs crises, leurs amours, leurs questions pourraient être une entreprise quasi impossible…

C’est pourtant ce que nous propose Béatrice Bakhti dans un documentaire de 4 films dont le total est égal à presque 7 heures ! Ennuyeux ? Lassant ? long ? Absolument pas, étonnant, passionnant même… « Roman d’ados » n’a rien à voir avec un roman en fait, ou en langage cinématographique, avec une fiction et ce, non pas en raisons du fait qu’il s’agisse d’un documentaire, mais parce que les réalités de vie de ces adolescents  sont d’une étonnante simplicité.

Pourtant ces tranches de vie filmées ne le sont pas sans l’idée d’un scénario qui chez les jeunes est souvent de l’ordre de l’instant ou de l’instantané. Du père absent que l’un de ces ados regrette ou d’une image que « les autres » à l’école plaquent sur une autre de ces adolescentes, la cinéaste en fait une trame qui nous permet de mieux partager ces questions essentielles de l’existence que sont le mal, la souffrance, la culpabilité et j’en passe.

Des sujets profondément existentiels qu’une catéchèse peut reprendre en miroir pour ceux qui ne sont pas encore passer à l’âge adulte, mais qui s’apprêtent à y passer. Vivre une déception amoureuse, vivre un divorce, vivre un changement d’affectation, autant de passage et de crises qu’une catéchèse accompagne. Mourir à ces idées pour en épouser d’autres, discuter de politique avec ses parents sans crainte d’être paradoxal ou contradictoire donne un sens souvent à des discussions que nous croyons inutiles… Et pourtant elles sont là, en adolescence comme formatrice d’une autonomie de la personne qui accède à elle-même.

Béatrice Bakhti nous offre sans aucun doute un très bel outil de travail que nous aurions tort de ne pas utiliser pour une fois qu’il vient de chez nous !

Guy Labarraque

Synopsis

Une production Troubadour Films en coproduction avec la Télévisions Suisse

Romande

Romans d’ados  2002 – 2008 – Yverdon-les-Bains

• Romans d’Ados 1  La fin de l’innocence (98′)

• Romans d’Ados 2  La crise (106′)

• Romans d’Ados 3  Les illusions perdues (98′)

• Romans d’Ados 4  Adultes mais pas trop… (104′)

Sites à consulter : http://www.romansdados.com/

Comment croient les enfants ?

L’objet de cet article est d’essayer de modéliser « la » manière de croire des enfants… En tout cas celle qu’il me semble avoir pu reconnaître par des expériences personnelles ou d’autres ainsi que par quelques écrits plus synthétiques.

Pas de prétention à être exhaustif, mais des pistes qui donnent quelques balises qui dans tous les cas peuvent nourrir une réflexion. En partant de la pratique, j’essaierais de donner quatre notions théologique de ces enfants observés… Cette réflexion s’inscrit dans le courant de la « Kindertheologie »

Des théologiens « hors les murs »

A la sortie d’un culte, une catéchète me raconte qu’à la suite d’une narration de la parabole du samaritain (Evangile de Luc 10,29ss) aux enfants de sa volée (des enfants de 10 – 11 ans), cette dernière eu l’idée de poser cette question aux enfants : « qui avait souffert le plus dans l’histoire du samaritain portant secours au blessé » Un enfant répondit : « l’âne ! »  Pourquoi lui a demandé alors le catéchète ? « C’est lui qui a porté le blessé à l’auberge ».

Je ne connais pas de commentaires incluant l’animal de cette parabole, ce qui en la matière permet en tout premier lieu de circonscrire le référentiel « adulte » qui exclut cette entrée ; pour « nous » l’animal n’est pas une clef d’interprétation que nous pourrions utiliser. Pour les enfants, en revanche, c’est tout autre chose et je ne l’apprends à personne en disant que les animaux sont des « personnages » essentiels de leur univers. Ils son,t depuis leur plus jeunes âge, un peu ce que Winnicott disait du jeu à savoir des « objets transitionnels », c’est à dire, pour ces personnages, des moyens d’atteindre d’autres espaces ou de franchir des limites que la normalité n’admet pas.

Pourquoi donc s’arrêter aux histoires des hommes surtout lorsqu’elles impliquent des animaux ? Pourquoi s’arrêter aux limites que nous nous imposons parce que la sagesse nous apprend à faire le tri ? Les enfants sont très sensibles à l’égalité de tous les personnages d’une histoire, il est donc par conséquent assez normal qu’ils dépassent nos cadres interprétatifs. De ce point de vue là, l’enfant est « hors les murs », or du giron classique de l’interprétation des textes bibliques.

Des théologiens de l’« ici et du maintenant » (Hic et nunc)

Une autre expérience rapporte qu’un enfant de 6 ans à qui ont a demandé pourquoi Jésus, tenté par Satan dans le désert, n’a pas essayé de transformer les pierres en pain a répondu : « parce que Jésus n’aime pas le pain ! »

Là encore, surprise et interrogation des adultes qui n’ont certainement pas beaucoup entendu cette réponse. Sans vouloir faire de la psychologie au rabais, en identifiant la période du « non » de cet enfant, nous pouvons relever l’importance du présent, du quotidien. C’est bien évidemment tous les jours que les enfants se positionnent face à ce qu’on leur propose et en particulier face à la nourriture. Si nous reformulions cette parole d’enfant, pour gagner en compréhension dans le monde des adultes, nous pourrions avoir : « Pourquoi, diable aller chercher midi à quatorze heure ? » ou « pourquoi aller chercher au loin ce qui est si proche ? »

La réponse de l’enfant, logique, claire, net et précise nous ramène au lieu même où beaucoup de solutions se trouvent : l’ici et le maintenant ! On l’aura compris, on a  là sans doute plus qu’une réponse, mais une manière d’être et de penser et pour le dire avec un grand mot une théologie qui nous ramène sans cesse à l’existence de tous les jours. L’important c’est maintenant !

Des théologiens de la création

Il n’est pas surprenant que des thèmes comme la création parlent aux enfants, les animaux d’une part, mais aussi la nature, le soleil, la lune, les étoile qui figurent dans ces récits et qui les inspirent profondément. L’intérêt ici consiste à s’interroger sur la façon dont les enfants parlent de la création. L’extrait d’un entretien entre des élèves et leur enseignante (nous sommes en Allemagne où la religion est une des matière enseignée) est assez emblématique :

Claudia (Enseignante) : qu’est-ce que tu as dessiné ?

Anna (élève) : Une maison, un arbre…

Barbara : j’ai dessiné Dieu qui fait pousser les fleurs, et des gens, comment un enfant guérit.

On voit très bien que l’origine, la chronologie, l’évolution n’est pas l’angle d’attaque des enfants. S’ils sont, comme nous le mentionnions concernés par l’hic et nunc, ils s’intéressent à ce qui peut surgir tout d’un coup sans que nous sachions pourquoi (dans notre logique d’adulte évidemment). Barbara dans sa réponse, insuffle le cas d’un enfant qui guérit, c’est tout sauf anodin. En reformulant et en interprétant à nouveau, il ne nous est pas impossible de dire que la pour la petite Barbara, comme Dieu fait pousser les plante, de même et par analogie, il fait pousser les gens et leur santé…

Des théologiens rationalistes

Ce qui surprend en entendant les enfants raisonner ou ré-fléchir leur croyance, est tout simplement la logique dans laquelle ces derniers restent tout au long de leur réflexion. Ils croient, mais avec une logique certaine. Exemple : un enfant déclare à propos de la mort : « heureusement qu’il y a des gens qui meurent, sinon on serait trop nombreux sur terre ». Logique irréfutable qui montre bien qu’un thème existentiel n’est pas du tout pris de la même façon par les enfants que par les adultes. Ces derniers la prennent sous l’angle individuel alors que les enfants la prenne sous l’angle du collectif, du général. « Qu’en pensez ? que la question métaphysique de la mort en elle-même, de la finitude et de l’angoisse, ne concerne que modérément les enfants » écrit Michel Eltchaninoff, rédacteur de Philosophie Magazine. Une remarque à entendre dans le cas d’un enfant qui n’est pas touché dans sa chair par la mort de son animal de compagnie ou d’un proche. Le raisonnement des enfants se rapprochent en quelque sorte d’une pensée analytique qui décortique et qui construit, à l’image d’un « jeu de meccano. »

Conclusion

Au terme de ce parcours très bref, construit à partir d’expériences récupérées ici ou là, le sentiment qui reste est celui de l’étonnement parce que ces enfants ont une réelle facilité d’affronter le monde et ses questions dans leur parole. En même temps, cette confrontation au réel à un prix être soi-même. Et c’est là qu’il est une gageure pour nous les adultes qui sommes rattrapés par la socialisation, le rôle et la puissance. L’« habit fait le moine » dit-on, pour les enfants comme pour les adultes, seulement les enfants, eux savent que c’est un jeu et qu’ils se déguisent, alors que pour nous c’est souvent tout sauf un jeu, voilà sans doute pour quoi il y a beaucoup de casse.

Guy Labarraque

Sources

  • Dossier : « Comment pensent les enfants ? » in Philosophie Magazine, avril 2010
  • Dossier : « les enfants théologiens » dossier composé de trois textes, proposé par l’OPEC et disponible sur demande.
  • Winnicott, D.W. (1971-1975). Jeu et réalité, Paris, Gallimard.

Animation – Collision

Avant de lire !

Pour savoir de quoi il est question, je renvoie à la présentation du film dont s’inspire les lignes qui suivent :

Présentation du film : Collision

Méthodologie

L’option prise est de ne pas voir l’ensemble du film, mais simplement quelques extraits que je choisi d’articuler ainsi :

  • Voir un extrait de film à arrêter à un moments précis, en plein milieu d’une action
  • Laisser ensuite le groupe discuter des suites qu’ils envisagent et les partager
  • Montrer la fin de l’extrait
  • Ouvrir la discussion sur l’option prise par le réalisateur en élargissant le débat.

On choisira, néanmoins de « planter le décors » en montrant un extrait représentatif de l’ambiance du film avant.

Cette méthode n’est évidemment possible que si les jeunes, en grande majorité, n’ont pas vu le film. L’expérience a montré que peu de jeunes l’avaient vu et pour les quelques cas où certains d’entre eux l’avaient effectivement vu, ces derniers se sont abstenus de prendre la parole lors de la première phase de l’animation. En revanche, pour la dernière partie, ils ont évidement pu entrer en discussion.

En fonction du temps qu’on a, on répétera cette façon de faire autant de fois qu’on aura d’extraits.

Support bibliques :

Parmi les supports bibliques, notons ces quelques textes :

  • Le reniement de Pierre :
    • L’annonce : Marc 14,26-31 (//Mt 26,30-35)//Lc 22,33-34 et Jn 13,37-38)
    • Le reniement : Marc 14,66-72 (//Mt 26,69-75//Lc 22,56-62 et Jn 18,17.25-27)

Thématique : Faire ce qu’on a dit n’est pas évident – on est un mystère pour soi-même –

Ne jamais se fier aux apparences ou aux paroles dites – on peut changer d’avis – la décision n’intervient pas forcément après réflexion…

Philo

On pourra consulter deux textes :

Guy Labarraque

Enfants théologiens – Der Kindertheologie

Il y a des formules tellement utilisé qu’on oublie de se poser la question des enjeux et de ce que ces dernières pourraient dire… Tenez prenez l’adage fort connu ; « la vérité sort de la bouche des enfants ». Il est employé à de nombreuses reprises pour signifier bien des vérités que les adultes essayent souvent de masquer.

Et si on poussait plus loin la question, non pas tant de la vérité en tant que telle, puisqu’on sait que cette question est délicate et qu’on a, même dans les domaines les plus objectifs, d’importantes variations, on serait très étonné de ce que peuvent penser les enfants et de ce qu’ils peuvent croire.

Je me souviendrai toujours, alors que je célébrais un culte en paroisse, d’une réponse étonnante d’un de ces enfants pendant que j’essayais de rendre vivante l’une des parabole de Jésus (la parabole des deux fils improprement nommée la parabole du fils prodigue, Lc 15,11s). J’essayais, donc, au moyen de ma narration de leur faire comprendre que le fils cadet (celui qui était parti dépenser tout l’argent paternel) n’avait plus qu’une chose à faire ; retourner chez son père. Et pour ce faire je mettais un effort considérable à montrer le dénuement de ce pauvre fils qui au milieu des cochons ne parvenait même pas à manger les caroubes (racines dures que seuls les cochons pouvaient manger). C’est alors qu’un de enfants me dit : « mais il faut qu’il tue le cochon ! »

Imaginer ma mine, et le rire de l’assemblée en entendant cette réplique qui comme le disent les jeunes « cassait » mon effet. La logique de l’enfant venait de prendre en défaut la mienne qui, pas un seul instant, n’avait imaginé ce type de réponse.

Laissons-là l’anecdote, j’ai réussi à m’en tirer et à retomber sur mes pieds pour finir l’objectif que je poursuivais dans mon message. Il n’empêche que cette intervention ouvrait une porte que le monde germanique a déjà ouverte depuis longtemps avec ce qu’il nomme « der Kindertheologie » qu’on peut traduire en français par « l’enfant théologien. » L’enfant théologien que l’adulte prend en compte en essayant d’être avec lui dans ses questions, ses réponses et les évolutions de celles-ci. C’est donc, pour l’adulte, une pédagogie qui proposera de développer chez l’enfant sa propre manière de comprendre au lieu de vouloir la corriger.

Guy Labarraque

Comment croient les enfants ?

le jeu – expression ludocréative

Si vous ne savez pas trop de quoi on parle lorsqu’on évoque la ludo-créativité, c’est normal puisque c’est encore nouveau, encore que…  Bref, L’expression ludocréative est une méthode d’enseignement développée par Raimundo Dinello, spécialiste en pédagogie, qui a travaillé pendant plusieurs années en Amérique latine. Deux idées phares nourrissent son approche :

  • Miser sur un enseignement qui ni compartimente ni sépare (par exemple, ceux qui suivent de ceux qui ne suivent pas) ;
  • Focaliser le processus d’apprentissage non pas sur l’intention de l’enseignant mais sur l’apprenant.

Voici en quelques mots l’intention fondamentale de la méthode ludocréative.

  1. L’expression

L’expression pourrait se définir comme l’activité d’un sujet qui investit profondément son énergie, sa sensibilité, son intelligence, après avoir satisfait ses besoins vitaux, afin de « refléter » la création et ce dans le but de se l’approprier.

  • Une grande diversité de matériaux est transformée par l’affirmation d’un input créatif
  • C’est une projection (prolongation ?) de son existence

« C’est la créativité qui permet à l’homme finalement de postuler l’existence de son soi. » (Winicott, 1975, p. 126).

  1. Le matériau – l’objet (ob-jacere)

L’objet ne dit rien par lui-même (comme les traces de couleurs). Aucun matériau ne dit en lui-même quelque chose :  « Tout est dit quand on dit les choses ».

  • Le matériau – l’objet n’a de sens que lorsqu’il reflète le sujet qui les transforme
  • Le matériau – l’objet reste toutefois indépendant du sujet puisqu’il peut acquérir d’autres significations par d’autres sujets.
  1. Le jeu

Il est inhérent à la nature de l’homme et « c’est sur la base du jeu que s’édifie toute l’existence expérientielle de l’homme » (Winicott, 1975, p. 126)

  • L’enfant grandit, se développe et apprend par le jeu
  • « Le jeu et l’art sont des transformations d’énergie de l’être avide d’exister. » (Dinello, 2006, p.37)
  • Le seul échec dans le jeu, c’est de devoir s’arrêter ou de ne pas s’amuser !
  1. Expression ludocréative

Par les diverses activités d’expression, l’apprenant (enfants, adolescents, adultes) s’approche de l’essence de l’apprentissage en organisant ses connaissances (Dinello, 2006, p38). Si c’est un être à soi, c’est aussi un être en société.

S’exprimer avec un moyen qui « nous » correspond, consiste à extérioriser sa substance profonde. La forme de l’expression renvoie au fond même de l’expression.

En y réfléchissant bien et en essayant de la pratiquer, je ne suis pas sûr que ce ne soit pas quelque chose qui remonte assez loin dans le temps… Depuis que l’homme dresse la tête vers le ciel et prend un objet pour l’utiliser.

Guy Labarraque

Obtenir le texte complet : guy.labarraque@protestant-vaud.ch

Sources :

Dinello R. (2006), Artexpression et créativité, Montevideo, Grupo Magro.

Winicott, D.W. (1971, 1975 pour la traduction française), Jeu et réalité, Paris, Gallimard.

Site de l’association ludico-créative en Suisse

Animation – Evolution

Proposition

Pour comprendre la proposition suivante se référer à la problématique exposée dans le texte de présentation suivant :

Evolution en catéchèse

Outil pédagogique

Au niveau des outils, je me suis servi de l’objet, de ce qui est « jeter devant » (ob-jacere) tel que l’aborde l’expression ludocréative.

Le Jeu

L’animation suivante a été proposée fin janvier 2010 dans le cadre d’une formation de l’Office Protestant de Formation pour des catéchètes des Eglises Romandes.

Temps : 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 20 jeunes                Nombre d’animateurs : 2/3 dont 1 théologien

Préparation

  1. Disposer dans la pièce une série d’objets dans un carton à chaussure (un ou deux objets, pas plus), recouvert d’un tissu, en prévoir une bonne vingtaine pour un groupe de 15 personnes
  2. Préparer en plus un objet qui soit en nombre suffisant pour que tous puissent avoir le même.

Déroulement

Les participants vont réaliser un parcours par deux (si possible un garçon une fille) en passant par différentes étapes au cours desquelles ils feront différentes rencontres.

  1. Avant de partir, les participants « se définissent » en choisissant un objet dans une caisse à disposition. Il s’agit d’utiliser l’objet comme support de définition.
  2. Puis ils partent en choisissant une table sur laquelle se trouve, une boite, dans laquelle se trouve un autre objet… En découvrant cet autre objet ils doivent l’intégrer à ce qu’« ils sont »… Que vont-ils faire de cette rencontre imprévue ? Comment vont-ils l’accepter, s’ils l’acceptent ?
  3. Parmi ces différentes étapes, représentées par ces tables, il y en a une qui est particulière puisque tous les groupes reçoivent, de la part des animateurs, un même objet (pour ma pratique, ce fut une pile) avec comme mission là aussi d’en faire quelque chose.
  4. A la fin du temps de jeu, les groupes de deux « mettent en scène » ce que fut leur vie avec les rencontres qu’ils ont faites afin de voir ce qu’ils en ont fait… C’est la relecture de leur vie. Il faut qu’elle ait un sens, il faut que cette relecture ait une certaine logique…
  5. Une représentation de ces « mises en scène » est proposée à l’ensemble du groupe.
  6. Un débat termine ce temps de jeu avec comme principales questions
    • La capacité à s’être adapté ou non que les différentes rencontres (les tables avec les objets) ont pu susciter ;
    • Situer la dynamique de la création dans ce que l’on fait ou pas de ce qui nous arrive…
    • Etc.

Echos à la théorie

  1. Le jeu symbolise le parcours de vie réalisé par une entité bien particulière (c’est le binôme) qui se définit au moyen de l’objet.
  2. L’entité constituée « subit » les aléas de l’existence et des rencontres, représentés par deux phénomènes différents :
    • Des rencontres propres à chaque entité (il s’agit des étapes avec les objets sur les tables) qui les invite à s’adapter à la nouveauté qui les saisit…
    • Des rencontres qui saisissent la totalité des entités, vivant le parcours, et qui représentent ce qui dans l’histoire a été déterminant pour les êtres vivants en général

Connivence avec l’adolescence

  1. La transformation : leur corps se transforme sans qu’ils puissent prévoir où cela va les conduire…
  2. L’adaptation aux nouvelles modes, l’influence des autres, les changements au gré des rencontres qui font qu’il y a passage d’un espace à un autre en un tour de main. Ce sont des espaces de vie.
  3. La course proposée dans le jeu interpelle la cohérence, leur cohérence qu’ils devront en fin de parcours faire, puisqu’ils vont s’expliciter en relisant devant le groupe leur parcours.

Animation – Les fous du roi

Proposition

Pour comprendre l’animation suivante se référer à la présentation suivante :

Les fous du roi

Temps : 2 à 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 10 – 12 jeunes                Nombre d’animateurs : 3 dont 1 théologien

Voici trois entrées possibles

1. Première entrée : sur le personnage de Willie Stark

  • Evaluer le fait que Willie Stark prenne la cause du peuple ?
  • Décomposer l’instrumentalisation de sa candidature au début
  • Voir comment fonctionne le premier discours qui « marche » du candidat Stark
  • Essayer de repérer dans les discours les phrases typiques qu’on peut taxer de manipulation ?
  • La foule peut aussi être intéressante à décrypter dans ce que le cinéaste essaye de montrer lors des discours ? On peut s’amuser à faire une description des visages qui sont représentés. Les fans de technique pourront prendre la chose du côté des différents plans, traveling et autres techniques de prise de vues, etc.

2. Seconde entrée : La trame du journaliste

(à mon avis plus intéressante parce qu’elle nous ramène plus facilement à nous)

  • Qu’est-ce qui fait que Jack Burden travaille pour Willie Stark ?
  • Comment interpréter le fait qu’il fasse toutes ces recherches et en particulier celle à propos du juge Irwin ?
  • Décomposer les arguments employés par Jack Burden pour décider Adam de prendre la direction de l’hôpital.

3. Troisième entrée: par les autres personnages

  • Comment évaluez-vous le rôle de la secrétaire de Willie Stark et du sénateur adjoint ? Quels rôles leur donnez-vous dans cette histoire ?
  • Expliquez l’acte final d’Adam au parlement de Louisiane.
  • Pourquoi Adam ne choisit-il pas de se suicider plutôt que vouloir tuer Le gouverneur ?

4. Thématiques plus fondamentales à propos des questions à se poser à propos du film

  • Se faire soi-même – salut par les oeuvres ;
  • La fin justifie t-elle les moyens : jusqu’où suis-je prêt à aller pour parvenir à mon objectif ?
  • Quel est le sens d’un engagement (jack Burden) : un idéal ou une revanche de sa condition de naissance ?
  • Comparer les destin de Willie Stark et Barak Obama peut s’avérer intéressant
  • Jusqu’où faut-il aller pour arrêter un homme politique corrompu (cf Bonhoeffer)

Suggestions

Pour être plus pointu, on pourra utiliser à profit quelques uns des axiomes de la communication de Paul Watzlawick

Textes bibliques à mettre en lien

Evangile de Jean 11,45-57 : pour le côté plus politique du film

Romains 3 :  pour l’universalisme du péché que nous révèle le film

Genèse 2 : pour le pauvre Adam, tenté, mais toujours perdu dans ce monde de brut…

Animation – Pierre Soulage

Proposition

Temps : 2 à 3 heures                    Ages : 15 – 16 ans

Groupe : 10 – 12 jeunes                Nombre d’animateurs : 3 dont 1 théologien

  1. Matériel
  • Grande feuille de papier
  • Gouache noire en grande quantité ou du brou de noix
  • Un grand nombre d’ustensiles pour dessiner, l’idée est de leur suggérer différents moyens d’appliquer la couleur sur la feuille
  • Prévoir en tout cas un racloir ou des spatules dans les ustensiles de peinture. Soulage emploie deux modes principaux d’application ; soit il dépose la peinture (il parle de pâte), soit il l’applique avec une lame et racle.
  • Prévoir une lampe-spot facilement transportable
  • Des grands cartons sur lesquels on pourra fixer les oeuvres afin de les avoir en « station debout »
  • Tous les éléments de protection ad-hoc, évidemment

2. Consignes et déroulement de la réalisation de la toile

  • Mettre les jeunes par tout petit groupe ; trois dans l’idéal
  • Chaque groupe choisit plusieurs ustensiles
  • Leur donner une demi heure pour proposer une oeuvre avec la consigne suivante : « deux d’entre vous sont chargés de produire avec une couleur et les ustensiles à disposition une toile. A chaque fois qu’une idée vous traverse la tête pendant que vous faites la toile, vous l’exprimez à la personne du groupe qui ne peint pas et qui l’inscrira sur une autre feuille. »
  • A l’issu de la toile le groupe des trois essaye de voir ce que donnent ensemble les différentes impressions pour les communiquer. Ils peuvent :

– Choisir le sens chronologique d’apparition des mots

– Choisir un système d’association

– Construire une histoire avec

3. Expression à partir de l’oeuvre

Il s’agit dans cette partie d’imaginer que les jeunes puissent voir chacune des oeuvres de deux façons en changeant de place (prévoir trois changements de position). Pour ne pas trop compliquer les choses, il importe de ne pas changer la lumière de place.

L’idée est ensuite de partager dans le sens suivant :

  • Ceux qui observent disent personnellement ce qu’ils ressentent en face de la toile et en fonction des différentes positions qu’ils ont eues en face de la toile
  • Ceux qui ont réalisé la toile parlent ensuite pour délivrer ce qu’ils ont exprimé en faisant
  • Une confrontation peut ensuite se faire qui soulignera les rapprochements et les éloignements dans les expressions

Réflexions pour la touche spirituelle de l’animation

Avec l’ensemble des éléments qui sont produits par le groupe, il peut être possible d’imaginer, de creuser les points suivants :

Autre couleur et noir : Pour montrer toute la force du noir et surtout le fait que la lumière s’y réfléchit de façon toute particulière, l’idée serait d’introduire cette partie plus théorique par une  une toile faite avec exclusivement du jaune ou une autre couleur claire. Et ce afin de bien percevoir l’action du jeu entre le noir et la lumière.

Le noir, avant d’évoquer ce qui est noir justement, renvoie à la matière, la terre, la glaise, la tourbe et a des réminiscences d’origine. « Le noir est antérieur à la lumière. Avec la lumière sont nées les couleurs, le noir lui est antérieur (…) ces notions d’origine sont profondément enfouies en nous (…) une couleur violente, mais qui incite à l’intériorisation. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.29).

La lumière :  le spot qui éclaire la toile, dont le reflet de lumière n’est pas le même pour les observateurs en fonction de leur place, ce peut être, dans une optique catéchétique, le regard de l’Autre, la transcendance et sa perception par les hommes.  La création regardée par Dieu. Noir de texture, la création n’en n’est pas moins éclairée par l’Autre (cela peut être aussi l’alter ego). De cette action de la lumière qui se projette et qui finit, elle-même, par reflet, à être lumière, Soulage le nomme l’« outre noir », une sorte d’au delà du noir, un autre espace : « Une lumière transmutée par le noir et comme outre-Rhin et outre–manche désignent un autre pays, outre-noir désigne aussi un autre pays, un autre champ mental que celui du simple noir. » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.30).

La position : le changement de place complexifie encore le reflet de la toile, puisqu’en fonction des différentes positions de l’observateur, on voit  autre chose à chaque fois. On ajoute dans l’observation multiple le spacio-temporel qui en tous les cas imprime une dimension plus anthropologique à l’acte d’observer. L’homme à plusieurs âges et/ou à plusieurs endroits n’est pas ou plus le même. Dans une séance à plusieurs, c’est ici que la notion de partage, d’échange et de confrontation intervient, puisqu’il est possible de partager « ses » expressions ressenties en fonction des endroits traversés…

Dernier élément, un clin d’oeil du temps ;  Pierre Soulage est né un 24 décembre, nuit lumineuse depuis la nuit des temps..

Textes bibliques

Les textes de la création, Genèse 1 et/ou le Psaume 104 peuvent être un magnifique ancrage par les regards que nous avons sur la création.

Place d’une telle séance dans un cursus

Incontestablement pour démarrer un cursus, pour faire un groupe et surtout pour reprendre des thématiques qui ne manqueront pas de surgir…

Les adolescents et les rites

L’objectif de cet article essaye de cerner, du point de vue des adolescents, ce que peut bien signifier le rite pour eux compte tenu du fait qu’il ne peuvent plus se reposer sur ceux que proposent la société mais sur ce que la société promeut avec vigueur, à savoir ; la consommation.

Le rite au gré de la consommation

Parce qu’elle procure du nouveau en permanence et que de ce fait elle peut prétendre à faire de celui qui s’y plie d’être chaque jour nouveau, la société de consommation parle :

« Ma rencontre avec le piercing, c’est pour avoir une boucle d’oreille ailleurs que sur le lobe des oreilles. Pourquoi ? J’en sais rien. J’ai voulu ça parce que c’était la mode. Ouai. j’ai voulu quelque chose de différent. » (Claire 18 ans)

Soumis au nouveau, mais soumis aussi au momentanée, à l’instant ; d’où les changements radicaux qu’on peut percevoir chez un jeune. S’il y a une constance, une continuité avec ces changements, on la trouve dans la séparation d’avec les parents

« Ras-l’cul des vieux, j’en ai ma claque, pour moi c’est mes potes, un point c’est tout ! Ils peuvent me demander n’importe quoi, je le fais. » (Eric 17 ans)

On veut briser la dépendance aux parents, c’est une constante pour mettre en avant la loyauté au groupe, ce que les premiers ont du mal à accepter, et on peut le comprendre… Il n’empêche que les difficultés ne sont pas écartées pour autant, elles sont simplement autres puisqu’on passe d’une tyrannie à une autre ; celle des pères à celle des pairs… Indéniablement difficile à vivre mais qu’importe puisqu’elle est choisie.

Un prospect (candidat pour être du groupe) des Hells Angel témoigne :

« Ben ouai ils m’ont réveillé en pleine nuit, je devais me rendre à la Place de la Rippone pour aller faire une mission. Je savais pas quoi, mais j’y suis aller. C’est tout, où tu veux faire partie du MC (Moto Club alliant la Harley et une idéologie très « à droite »…) ou tu veux pas en faire partie. C’est une question de choix. » (Benjamin, 20 ans)

Braconner un peu de sens

Les épreuves subies,celles-ci comme de multiples autres,  ne relèvent plus de notions classiques, ce sont de véritables rites parallèle, Le Breton (2007) les nomme « de contrebande » (Le Breton, 2007) comme pour montrer que les jeunes braconnent ici ou là du sens. Ces rites ne reposant pas sur des cérémonies établies, mais au contraire, sur une invention cohérente au regard d’une histoire personnelle.

« C’est ma marque personnelle, à moi… Personne ne sera comme moi alors comme j’ai pas envie d’être comme les autres, voilà pourquoi je fais ça » (Johann, 21 ans)

De l’identité par le corps pour être ce qu’on montre à l’autre, ces rites impliquent des heurts avec les autres, avec le monde ; la souffrance et la mort font partie du jeu…

L’existence ne se satisfait plus à partir de l’institué mais de l’instituant… En terme de définition de ce que sont ces rites, on peut dire qu’il s’agit moins, pour les jeunes de passer d’une classe d’âge à une autre que de passer de la souffrance subie, d’être soi à un soi qui, pour naître, se doit de souffrir. Il n’y a rien de plus problématique que le vie qui se donne… Non il faut se la donner.

Toujours recommencer…

Le risque de ces nouvelles ritualités, c’est que ce n’est jamais fini… Il faut être à la hauteur, toujours à la hauteur. Ainsi de l’impératif de montrer son courage aux autres au risque d’être le bouffon de service, est ce qui le plus redouté par tous. Exemple ; les soirées qui se répètent chaque samedi après la semaine de travail où il faut toujours démontrer sa résistance à la boisson ou son aisance à défier l’autorité.

Solitaires, les épreuves s’imposent dans un contexte de « déliaison sociale » réelle ou vécue comme telle. Le changement créé par l’épreuve n’est pas transmissible aux autres et ne s’inscrit dans aucune mémoire collective. Dans une vie dans laquelle il faut à chaque fois « se » donner sa marque personnelle (personnel branding), il faudra à nouveau « se » mettre en danger parce que le rite n’ôte pas la souffrance de la vie, il la contient jusqu’au prochain appel.

« Ces épreuves sont des rites intimes, privés, autoréférentiels, méconnus, détachés de toutes croyance et tournant le dos à une société qui cherche à les prévenir. » (Le Breton, 2008) Il est clair que si nos sociétés parvenaient à jalonner le parcours de vie des jeunes avec plus de solidité et de pertinence, elles ne seraient pas confrontées à cette masse de désespérance et d’incompréhension. Mais le peuvent-elles ?

Guy Labarraque

Sources :

Bauman Z. (2010), « l’amour liquide n’a que des agréments » Philosophie, Mars 2010, p. 58-63.

Le Breton D. (2007), En souffrance : adolescence et entrée dans la vie, Paris, Métaillé.

Le Breton D. (2008), « Rites de contrebande d’une jeunesse contemporaine», in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, 146-151.

Zittoun T. (2008), « Tolstoï, la Bible et André the Giant : les ressources que les jeunes se donnent », in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, p.174-175.

le « passage » des adolescents dans une société liquide

Du liquide comme « solide »

Toujours à changer…

Un jour c’est comme ça et puis un autre c’est comme ci…

Toujours le même constat sur les jeunes avec toujours les mêmes mots : lunatiques, inconsistants, changeants, « réversibles et impermanents » (Wyn et White, cités par Zittoun, 2008), bref jamais les mêmes…

Les causes ?

Soulignons-en deux, mais qui peuvent n’en faire qu’une.

  1. L’adolescence : une notion récente et « socialement construite ».

C’est ce que disent les observateurs en voyant se placer une « zone » entre la fin de la scolarité et le travail. Avant on passait de l’état d’enfance à celui de travailleur, maintenant on va au lycée ou au gymnase et on étudie pour être mieux à même d’affronter le monde, dit-on… Seulement cette vie entre deux, est loin d’être évidente qu’un adage moderne pourrait bien résumer : « tais-toi quand tu parles »… Encore enfant (celui qui ne s’exprime pas) et surtout pas adulte (celui qui a finit sa croissance).

2. La société bouge et est socialement déconstruite !

Qu’une société bouge ce n’est pas nouveau, mais qu’en revanche, les « problèmes dans la société croît à mesure qu’elle évolue. » (Bauman, Z., 2010), c’est assez nouveau. Pas d’évolution sans nouveaux problèmes en quelque sorte, à tel point qu’on a fini par dire de la société, à force de bouger tellement, qu’elle est « liquide » voire liquidé. C’est peut-être l’autre raison qui expliquerait le pourquoi de cette jeunesse si difficile à saisir.

Société liquide ?

N’ayons pas peur des mots, car c’est un peu ça… Prenons, ce qui dans le tissu social, permet d’accompagner l’évolution du jeune, le passage d’un état à un autre (par exemple de l’écolier à l’apprenti). Aucun de ces « rites de passage » ne fait sens pour tous les autres ; les vies sont tellement différentes et les chemins tellement personnelle… Le premier verre à 16 ans est une rigolade, les rôles que jouaient les sociétés de tir, les pompiers, la fanfare du village sont devenus de l’exotisme, voire du folklore, quant aux étapes religieuses… Qu’entendez-vous par là exactement ?

L’absence de « significations partagées » de ces liens aboutit aujourd’hui à « une privatisation des processus de construction de sens » (Zittoun, 2008).

Qu’est-ce qu’un rite pour un adolescents?

Quels conséquences ? L’adolescent devient, à défaut d’une autorité sociale, l’auteur de lui-même de ce qu’il met en place. Il se met au monde lui-même, il se créé et finalement ne s’autorise que lui-même (Le Breton, 2008).

Les « transitions » ont lieu alors que les jeunes accèdent à une « responsabilité symbolique » ; c’est à dire au moment où dans leur environnement les jeunes apparaissent comme responsables de ce qu’ils lisent, de la manière dont ils s’habillent, des films qu’ils vont voir, de la musique qu’ils écoutent, bref de ce qu’ils retiennent comme pertinent pour eux.

C’est au lycée en générale au contact des autres que cette responsabilité symbolique surgit.

Guy Labarraque

Sources :

Bauman Z. (2010), « l’amour liquide n’a que des agréments » Philosophie, Mars 2010, p. 58-63.

Le Breton D. (2008), « Rites de contrebande d’une jeunesse contemporaine», in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, 146-151.

Zittoun T. (2008), « Tolstoï, la Bible et André the Giant : les ressources que les jeunes se donnent », in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, p.174-175.