Le film – Synopsis
COLLISION – CRASH
Date de sortie en salle : 14 septembre 2005
Réalisé par Paul Haggis
Avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon, Brendan Fraser, Terrance Hoeard
Long métrage américain
Genre : drame
Durée : 108 minutes
Année de production : 2004
Le thème
Los Angeles, ville immense dans laquelle les gens qui y vivent se côtoient, mais ne se rencontrent pas ou jamais. Or ce film est justement l’histoire ou les histoires de ces gens qui n’ont aucune raison de se rencontrer et qui, pourtant se rencontrent… Et s’ils se rencontrent c’est à chaque fois en situation de « crise » (accident, contrôle routier, vol,
hasard, etc.).
Des histoires de vie et la vie…
Le film pose en fait plusieurs questions à l’être humain… Nous connaissons-nous bien ? Sommes nous certains de réagir de telle façon lorsque nous sommes confrontés à une situation d’urgence ? Sur quoi repose nos actes de la vie de tous les jours ? Quelles sont les valeurs qui guident notre vie ?
Il est clair que le réalisateur (scénariste de Quantum of Solace, Casino Royale, Mémoires de nos pères, Million dollars baby) n’apporte pas de réponse à ces questions, puisque nous repartons de ce films en nous les posant pour nous même. Peut-être avons-nous en en tête la fameuse réplique d’Octave dans un film de Renoir, Les Règle du Jeu; « Le plus terrible dans ce monde, c’est que chacun a ses raisons. » et peut-être que vous ne seriez pas loin d’une certaine réalité.
C’est dur pour tous le monde
Celà étant, et c’est l’autre versant de ce film, Paul Haggis nous décrit le parcours de vie de chacun des protagonistes qui tous sont face à des difficultés. Du plus haut de l’échelle sociale jusqu’en bas, riches comme pauvres ; personne n’est épargné par les épreuves. Entre la femme du procureur, dépressive (Sandra Bullock), le voleur de voiture superstitieux, jusqu’au jeune flic, à la gueule d’ange, tous traînent avec eux des « gamelles » dirions-nous, et qui, élément important, prennent leur part dans les choix et les décisions.
Ma critique
Il est indéniable que ce film se regarde bien ; le réalisateur a pour moi évité les
clichés qu’on a dans pas mal de film américain avec d’un côté le blanc bon et le black mauvais. A ce sujet, le réalisateur appelle à la nuance ; ainsi les latinos ne sont pas tous mexicains, les asiatiques pas tous chinois et les musulmans encore moins tous des arabes… D’un point de vue plus technique, les « belles scènes , (celle ou l’issue des rencontres se termine par une victoire de la vie), comme celle du sauvetage d’une femme prise par les flammes de sa voiture et celle de la fillette échappant par miracle au bal d’un homme désespéré, sont filmées au « ralenti » et sous couvert de musique. C’est un choix du réalisateurs que d’aucuns peuvent décrier. Pour moi, il y aurait la mise en exergue de l’agir humain, lorsqu’il est beau, pourquoi pas…
A noter également, une magnifique scène où un père rassure sa fille en lui contant une histoire. Magnifique exemple d’une bonne pédagogie ayant pour objectif d’apaiser la peur des enfants.
L’inspiration du film
Le film est inspiré des évènements ayant eu lieu dans cette ville en 1992. Rappelons-nous…
Les faits débutent le 29 avril après qu’un jury, principalement composé de blancs, acquitte 4 policiers ayant frappé à terre un
automobiliste noir, Rodney King. Or une vidéo prouvait les violences policières… Dans les rues, la foule manifeste et demande justice, sans succès, provoquant les dérapages que nous connaissons.
Les dégâts au niveau humain sont lourds entre 50 et 60 morts et des milliers de blessés. En plus de cela, pour rétablir l’ordre, le président Bush envoie l’armée avec un effectif de plus de 4000 hommes.
En 1993, les policiers bastonneurs sont finalement rejugés par un tribunal fédéral, mais seul deux d’entre eux écopent 30 mois de prison après une semaine de délibération.
Au delà des faits, les émeutes de Los Angeles révèlent des problématiques importantes des mégapoles modernes, j’en cite quelques unes :
- Un taux de chômage particulièrement élevé avec entre autre le fait que les entreprises du centre de LA régulièrement de leurs employés noirs, syndiqués, pour les remplacer par des immigrants latinos, payés moitié moins que leurs prédécesseurs
- Une police urbaine, violente et jouant les divisions entre communautés
- Des changements démographiques importants et rapides qui modifient un équilibre précaire. On sait, par exemple, que dans les quartiers historiquement noirs de LA, la population hispanique à augmenté en 10 ans de plus 100%.
Beaucoup de commentateurs ont enfin mis le doigt sur l’importance des vidéos amateurs qui ont finalement été reconnus comme traces d’une réalité que les forces de l’ordre voulaient nier.
Guy Labarraque
Voir : animation