le « passage » des adolescents dans une société liquide

Du liquide comme « solide »

Toujours à changer…

Un jour c’est comme ça et puis un autre c’est comme ci…

Toujours le même constat sur les jeunes avec toujours les mêmes mots : lunatiques, inconsistants, changeants, « réversibles et impermanents » (Wyn et White, cités par Zittoun, 2008), bref jamais les mêmes…

Les causes ?

Soulignons-en deux, mais qui peuvent n’en faire qu’une.

  1. L’adolescence : une notion récente et « socialement construite ».

C’est ce que disent les observateurs en voyant se placer une « zone » entre la fin de la scolarité et le travail. Avant on passait de l’état d’enfance à celui de travailleur, maintenant on va au lycée ou au gymnase et on étudie pour être mieux à même d’affronter le monde, dit-on… Seulement cette vie entre deux, est loin d’être évidente qu’un adage moderne pourrait bien résumer : « tais-toi quand tu parles »… Encore enfant (celui qui ne s’exprime pas) et surtout pas adulte (celui qui a finit sa croissance).

2. La société bouge et est socialement déconstruite !

Qu’une société bouge ce n’est pas nouveau, mais qu’en revanche, les « problèmes dans la société croît à mesure qu’elle évolue. » (Bauman, Z., 2010), c’est assez nouveau. Pas d’évolution sans nouveaux problèmes en quelque sorte, à tel point qu’on a fini par dire de la société, à force de bouger tellement, qu’elle est « liquide » voire liquidé. C’est peut-être l’autre raison qui expliquerait le pourquoi de cette jeunesse si difficile à saisir.

Société liquide ?

N’ayons pas peur des mots, car c’est un peu ça… Prenons, ce qui dans le tissu social, permet d’accompagner l’évolution du jeune, le passage d’un état à un autre (par exemple de l’écolier à l’apprenti). Aucun de ces « rites de passage » ne fait sens pour tous les autres ; les vies sont tellement différentes et les chemins tellement personnelle… Le premier verre à 16 ans est une rigolade, les rôles que jouaient les sociétés de tir, les pompiers, la fanfare du village sont devenus de l’exotisme, voire du folklore, quant aux étapes religieuses… Qu’entendez-vous par là exactement ?

L’absence de « significations partagées » de ces liens aboutit aujourd’hui à « une privatisation des processus de construction de sens » (Zittoun, 2008).

Qu’est-ce qu’un rite pour un adolescents?

Quels conséquences ? L’adolescent devient, à défaut d’une autorité sociale, l’auteur de lui-même de ce qu’il met en place. Il se met au monde lui-même, il se créé et finalement ne s’autorise que lui-même (Le Breton, 2008).

Les « transitions » ont lieu alors que les jeunes accèdent à une « responsabilité symbolique » ; c’est à dire au moment où dans leur environnement les jeunes apparaissent comme responsables de ce qu’ils lisent, de la manière dont ils s’habillent, des films qu’ils vont voir, de la musique qu’ils écoutent, bref de ce qu’ils retiennent comme pertinent pour eux.

C’est au lycée en générale au contact des autres que cette responsabilité symbolique surgit.

Guy Labarraque

Sources :

Bauman Z. (2010), « l’amour liquide n’a que des agréments » Philosophie, Mars 2010, p. 58-63.

Le Breton D. (2008), « Rites de contrebande d’une jeunesse contemporaine», in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, 146-151.

Zittoun T. (2008), « Tolstoï, la Bible et André the Giant : les ressources que les jeunes se donnent », in La marque Jeune, Gonseth M.-O., Laville Y, & Mayor G. Neuchâtel, MEN, 2008, p.174-175.