Le Centre George Pompidou expose jusqu’au 8 mars 2010 les oeuvres de Pierre Soulage, un peintre du noir…
Impression
Imagninez une peinture où la forme compte plus que la figure… Imaginez que le trait, le tracé compte plus que la représentation. Imaginez enfin que la clef de compréhension soit entre ces trois pôles : la toile, celui qui l’a peinte et celui qui la regarde…
Si vous n’imaginez pas c’est normal, parce que c’est Pierre Soulage, un peintre encore vivant aujourd’hui mais de plus de quatre-vingt dix ans qu’on classe parmi les peintres abstraits. C’est après la guerre en 1948, en Allemagne, lors d’une exposition à propos de la peinture abstraite française qu’il sort de l’inconnu, sans doute parce que les Allemands « reçoivent » ces toiles en noir d’une façon particulière… Il faut dire que la dimension du trait, sa largeur, son épaisseur et l’usage exclusif du noir revêt une expression intense quasi indicible. « Le noir, pour moi, dit Pierre Soulage, c’est une couleur intense, plus intense que le jaune qui apporte des réactions violentes » (citation tirées de Connaissance des Arts, HS 428, 4e trimestre 2009, p.15).
Approche de Pierre Soulage avec des jeunes
« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche »
Je poursuivrais par une autre citations bien mise en exergue à Beaubourg « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » (citation datant de 1954). Or s’il y a bien une réflexion qui peut aller à un jeune c’est celle-là, eux qui aiment toucher à tout. La question vaut la peine d’être variée dans tous les sens :
- Que cherches-tu lorsque tu fais quelque chose ?
- Sais-tu qu’en faisant, tu cherches ?
- Qu’apprends-tu en faisant telle ou telle chose ?
Quelques liens pour aller plus loin :
Musée d’art moderne de la ville de Strasbourg
Institut national d’histoire de l’art (INHA)
Autres citations de Pierre Soulage à injecter dans la réflexion
C’
était en 1979. J’étais en train de peindre. Ou plutôt… de rater une toile. Un grand barbouillis noir. J’étais malheureux, et comme je trouvais que c’était pur masochisme que de continuer si longuement, je suis allé dormir. Au réveil je suis allé voir la toile. J’ai vu que ce n’était plus le noir qui faisait vivre la toile mais le reflet de la lumière sur les surfaces noires. Sur les zones striées la lumière vibrait, et sur les zones plates tout était calme.
« Il faut regarder le tableau en appréciant la lumière reflétée par la surface noire. C’est essentiel. Si l’on ne voit que du noir, c’est qu’on ne regarde pas la toile. Si, en revanche, on est plus attentif, on aperçoit la lumière réfléchie par la toile. L’espace de cette dernière n’est pas sur le mur, il est devant le mur, et nous qui regardons, nous sommes dans cet espace-là. C’est une relation à l’espace différente de celle que nous avons dans la peinture traditionnelle. Ce phénomène ne peut pas être photographié. La photo transforme cette lumière en une peinture banale où les valeurs sont fixes et produites par des gris différents. »
« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. »
Rédaction: Guy Labarraque
Iconographie : le net et en particulier les reproductions prises sur le site du Musée d’art moderne de la ville de Strasbourg.