Les « cinq éléments » de la pédagogie

Comment organiser les méthodes pédagogiques ? (III)

Marguerite Altet propose de structurer les méthodes pédagogiques en relation avec la situation dans laquelle se trouve l’apprenant et l’enseignant. C’est donc le contexte ou le milieu qui compte et moins son rapport au savoir (Louis Not) ou une relation spécifique entre deux des trois acteurs (triangle pédagogique de Jean Houssaye) du dispositif pédagogique. Or qui dit contexte ou milieu parle de flux, d’énergie, de temps, d’équilibre et dessine un système plus complexe, plus global, en un mot systémique (qui prend justement en compte la complexité d’une situation).

Comment l’espace pédagogique est-il structuré ? Marguerite Altet le structure avec 5 éléments :

  • Le savoir
  • La situation
  • Les acteurs
  • La communication
  • La finalité

Comment interpeller les différentes pédagogies à partir de ce cadre composé de 5 éléments ? En examinant comment s’articule et interagissent ces éléments constitutifs. Par exemple et en partant de l’hypothèse qu’on parte de l’item « communication », un pédagogue insistant sur l’intégration de l’enfant dans « la » communauté, aura tendance à épouser les thèses d’une pédagogie socialisante, tout comme le pédagogue, préoccupé d’efficacité, aura tendance à privilégier les courants pédagogiques cherchant à optimiser une pédagogie par « objectif ».

On l’aura compris, il s’agit d’exemples qui ne sont en rien normatifs, mais qui peuvent aider à situer les tendances des uns et des autres, autant ceux qui se réclament de tel ou tel courant que ceux qui ne s’en réclament pas.

Guy Labarraque.

Les « structures » de la pédagogie

Comment organiser les méthodes pédagogiques ? (II)

Louis Not propose pour sa part de se focaliser sur la façon dont on structure ce que l’on sait ; savoir. Cette démarche, si elle est soumis au différentes étapes de développement de l’enfant, est pour le jeunes ou les adultes une possibilité offerte devant chaque situation d’apprentissage prévue ou non.

Louis Not répartit les pédagogies de trois façons :

  • Celles qui structure le savoir de l’extérieur
  • Celles qui le structure de l’intérieur
  • Celles qui le structure enfin par l’interaction de celui qui donne et de celui qui reçoit (pas forcément sens unique enseignant – apprenant)

Structurer le savoir par l’extérieur

De quoi s’agit-il ? Certes d’un enseignement ex-cathedra, mais aussi de beaucoup de propositions, telles que les enseignements assistés par ordinateur.

Primat de action de l’« autre »sur l’apprenant.

Les enseignants « trans » – forment l’être

Structurer le savoir par l’intérieur

De quoi s’agit-il ? L’individu progresse par ce qu’il structure lui-même.

Primat de l’individu en acte. C’est le sujet qui ici est prépondérant.

L’enseignant, dans ce cas, aide la personne à « se transformer »

Inter-structuration du savoir

De quoi s’agit-il ? C’est le cas d’un enseignement intégré à l’apprentissage.

Primat de la « re-formation » du  savoir reçu. On se centre sur l’activité. Acquérir un savoir ; c’est l’intégrer d’une manière ou d’une autre.

L’enseignant « forme », re-forme (dé-forme) un environnement propice à l’apprentissage de l’apprenant.

Guy Labarraque

Source :

Altet, M. (1997), Les pédagogies de l’apprentissage, Paris, Quadrige, Puf.

Le « triangle » pédagogique

Comment organiser les méthodes pédagogiques ? (I)

C’est avec un triangle que Jean Houssaye propose  d’articuler les démarches pédagogiques, et c’est en cela qu’il s’est fait un nom dans le domaine.

Plus précisément, le triangle pédagogique permet de « visibiliser » les différentes rapports qu’« on » a dans un espace pédagogique. Ce dernier est symbolisé par un triangle dont chacun des angles représente l’un des éléments essentiels de l’espace pédagogique. L’enseignant est le 1er pôle, il est censée apporter un savoir (2ème pôle) à une autre personne, l’apprenant (3ème pôle), censé le recevoir.

Jean Houssaye

« Dis-moi quel rapport tu privilégies entre ces trois pôles » et, selon la formule consacrée, « je te dirai si tu enseignes, si tu formes ou si tu fais apprendre ! » Cela étant, l’angle qui ne fait pas partie du rapport choisi par celui qui met en fonction le triangle n’est pas éjecté du processus, il interroge pour ne pas se faire oublier.

  • Si on enseigne, on met en valeur le rapport entre le savoir et l’enseignant et dans ces conditions, l’apprenant est en droit de se demander si ce savoir est compréhensible pour lui-même.
  • Si on forme, on met en valeur le rapport entre les deux partenaires de l’espace pédagogique, c’est-à-dire l’enseignant et l’apprenant. On ne doit pas pour autant oublier la matière qui rassemble les deux partenaires.
  • Si on fait apprendre, on insiste dans ces cas-là, sur le rapport qu’a l’apprenant et la matière. Dans ces conditions se posent la question des rapports entre savoirs, puisque et l’apprenant et l’enseignant en ont un.

Guy Labarraque

Source :

Houssaye J., (1992), Le triangle pédagogique, Bern